» feel the freedom even if it‘s a lie (01/11_15h01)

feel the freedom even if it‘s a lie
01/11_15h01
featuring maureen.

Après être finalement sortie de ce putain de souterrain et dans lequel elle avait juré de ne plus remettre les pieds, Agathe c’était trainé vers le bâtiment b où on lui avait assuré qu’elle trouverait l’équivalent d’un hôpital. Elle se fichait de trouver une infirmière ou un médecin car même dans le cas où il y’en aurait un, jamais elle n’aurait laissé la personne la toucher, ne serait-ce que pour lui mettre un pansement sur une écorchure. Agathe avait compris qu’elle devait rester sur ses gardes, et que faire confiance à quelqu’un allait être compliqué. La pièce était déserte, sinistre, lugubre. Quelques carreaux étaient brisés, la poussière régnait… accueillant. Néanmoins, Agathe se dirigea jusque vers les tiroirs, les ouvrit, fouilla dedans précipitamment, se faisant l’effet d’une voleuse. Soit. Elle espérait trouver un désinfectant, des compresses, un n’importe quoi qui puisse soulager son pied qu’elle avait cogné contre la roche. Cependant, la brune trouva tout sauf ce qu’elle cherchait, mais ce qu’elle trouvait était…intéressant. Des ciseaux dont la lame était aussi fine que du papier de verre; des espèces d’aiguilles géantes, 30 centimètres, tout aussi fines, aiguisées que les ciseaux; des ouvre-bouches, mais aussi des pochettes de clous et d’autres instruments de torture sur lesquels elle ne pouvait mettre de nom. Un frisson lui parcouru l’échine alors qu’elle tenait entre ses mains légèrement tremblantes un ciseau qu’elle regardait avec horreur. Agathe s’était tellement focalisée sur ce ciseau que lorsqu’une porte s’ouvrit elle sursauta, échappa un cri, se retournant vivement en brandissant le ciseau, menaçante, vers la personne qui entrait. « Putain, ce n’est que toi » soupira-t-elle, se calmant en apercevant celle qu’elle appelait la brune plastifiée avant de se mettre à rire. Rire parce que la pression et l’adrénaline étaient montées à la fois si haut et si brusquement que maintenant leur redescente devait se faire. Puis, la situation était tellement cocasse et ridicule, que chasser tout ceci par le rire s’imposait.

Il n’y avait strictement rien à faire dans ce fort. C’était franchement inintéressant. Maureen était venue là pour jouer à Rabbit Doubt, pas pour tourner en rond et s’ennuyer comme un rat mort. Les gens étaient tous plus inintéressants les uns que les autres, ce n’était clairement pas la même culture. Ou bien elle dramatisait tout sur les relations. Ou bien eux, ils dramatisaient tout sur cette situation ! Ce n’était pas la mort ! Tout le monde se disait que quelqu’un allait mourir, que le meurtrier était parmi eux, foutaises. Depuis quand un mort en appelait un autre ? Tout était parti bien trop vite dans le mélodrame pour la sorcière vaudoo fashionista. D’ailleurs, il était temps de se reprendre en main. Quitte à rien faire, autant le faire en étant jolie. Si bien qu’elle se retrouva bien vite dans la pièce qui servait de dortoirs et où son sac était posé sur un matelas. Elle ne comptait pas dormir là-dedans de sitôt, ça devait grouiller de partout. Merci mais non merci. Ouvrant une petite poche de son sac, elle en sortie du vernis rouge. Rouge vermeil, un rouge sang, qu’importe, il fallait s’accorder avec l’air du temps et son rose bonbon ne convenait plus vraiment à la situation. La jeune femme sortie également du dissolvant et s’en appliqua sans tarder afin que ses ongles reprennent leur couleur originel. Parfait. Rangeant son matériel de manucure, gardant le petit flacon à la main, Maureen allait se mettre du vernis lorsqu’elle vit deux yeux réprobateurs. Ah oui pardon, il fallait pleurer, crier et faire des prières ici, comme si un tueur en série allait tous les buter, la blague. Bref, cette atmosphère à la con ne convenait pas à la jeune femme noire qui décida de quitter les dortoirs. Elle alla ici et là, avant de finalement se rendre vers ce qui ressemblait à une infirmerie, il y avait peut-être des lits convenables. Elle pourrait faire ses ongles en paix, comme ça ! Quelle bonne idée. A peine fut-elle entrée qu’on pointa une arme contre elle. Les yeux ronds, elle ouvrit la bouche sans que rien n’en sorte. L’anti-fan des « Experts » lâcha un juron. « Ouais, ce n’est que moi. » Elle lui montra son flacon rouge. « Je comptais me faire les ongles, si ça ne te dérange pas. » Dit-elle le plus naturellement possible avant de regarder autour d’elle. C’était pas une infirmerie ça, c’était une pièce dégueulasse.

C’était tellement ridicule. Mais tout ici poussait à l’hystérie et la psychose: le lieu, les gens, les événements. Alors Agathe elle rit, rit aux éclats, jusqu’à s’en étouffer. « Ils vont me faire devenir folle » lâcha-t-elle en se ressaisissant, passant une main dans ses longs cheveux pour les remettre en arrière, soufflant doucement. La poupée Barbie brune afficha un air éberlué et Agathe baissa son ’arme‘. De toute évidence, la demoiselle venait en paix et brandissait non pas un drapeau blanc mais ce qui semblait être un flacon rouge écarlate. Du vernis. Même couleur que celui sur le mur d‘hier.. « Tu en as plusieurs comme ca ? Vasy avoue tout meuf ! C’est toi qui est à l’origine de l’écriture sur le mur ! Ha.Ha ! » s’exclama-t-elle fièrement faisant mine de l‘avoir démasquée. Agathe plaisantait évidement puis son rire cristallin retentit et elle se cala contre l’espèce de comptoir dévisageant, sans aucune gêne, l’arrivante. « Nan nan t’inquiètes, fais comme chez toi » répondit-elle en haussant les épaules avant que les prunelles de la brune ne la jauge et en arrive jusque vers les ciseaux qu’Agathe tenait entre ses doigts. « Pas la peine de me regarder comme ca, je les ai trouvé là » expliqua-t-elle simplement, arquant un sourcil. « Et y’a encore tout pleins de trucs bizarre. Si tu veux mon avis cet hôpital n’avait pas pour but que de soigner ses patients » continua-t-elle sur le même ton, se détournant de la poupée plastifiée pour se remettre à fouiller dans les placards.

Maureen ne préférait pas demander à qui « ils » faisait référence, après tout, la petite tenait une arme blanche entre les doigts, c’était méchant ces bêtes là. Le rire de la demoiselle eut pour effet de faire sourire la jeune femme noire, enfin une qui savait rire, ça manquait un peu ! Lorsqu’elle montra son flacon de vernis, on l’accusa gentiment d’être à l’origine du message. Maureen éclata de rire avant de se reprendre aussitôt. « Le maquillage c’est sacré. J’irais pas le sacrifier pour faire quelques graffitis. Je tuerais pour mon vernis. » Humour. Oh allez, elle pouvait bien se le permettre après ce qu’elles avaient entendu la veille. Ce n’était pas elle, la tarée qui voulait ouvrir une morte qui sortait dont ne sait où. D’ailleurs, elle se demanda l’espace d’un instant ce qu’ils avaient fait de la défunte, enfin, mieux valait l’ignorer. Par la suite, sa camarade d’infortune repris sa recherche ou sa fouille dans les tiroirs de l’hôpital. Maureen se dirigea vers ce qui avait déjà été ouvert. C’était glauque ce truc. Maureen s’empara d’une des longues seringues avant d’observer de pus près l’aiguille. « Putain, je sais pas où ils comptaient planter ça, mais ça devait ressortir de l’autre côté. » Ouais, même chez Maureen ce serait ressortie, même si elle était extrêmement bien foutue. Ne parlons même pas des autres filles présentes – y comprit la petite présente avec Maureen – l’aiguille aurait aisément traversé leurs deux cuisses. C’était du délire. Et puis d’un coup, elle la reposa violemment dans le tiroir. « Elle a peut-être déjà servie, merde. » Déglutissant, Maureen cru bien faire d’essuyer sa main sur son jean. « Tu crois quoi ? Qu’ils faisaient des expériences ou un truc de ce genre ? ». Et soudain le « ils » prit tout son sens.

Continuant sa fouille, Agathe trouva enfin ce qu’elle cherchait: un bandage encore dans son emballage plastique. Oui, elle ne voulait pas attraper la mort en risquant de prendre un truc laissé à l’air libre, surtout ici. Puis, un fin sourire vint étirer les fines lèvres de la belle lorsque la brune plastifiée lui expliqua que le maquillage était sacré. « Y’en a qui ont encore le temps pour des trucs inutiles » la taquina-t-elle. En effet, entre se perdre dans les souterrains, mettre trois ans à en sortir et s’esquinter le pied entre temps, Agathe avait eu le temps de penser à tout, sauf à se refaire une petite beauté. Soit. Et, elle rit lorsque l’arrivante lui dit qu’elle tuerait pour son vernis. « Je t’ai à l’œil » fit Agathe d’un air pseudo-mystique avant d’échapper un nouveau rire. Enfin une avec qui elle pourrait rire de cette situation et non en pleurer. Après quoi, la demoiselle s’attela à bander sa cheville et releva les yeux lorsque sa camarade de galère eut commenté une des aiguilles oversize. En revanche, son autre réflexion la fit de nouveau sourire. « Ce serait dommage ouais que tu attrapes une hépatite ou une maladie orpheline pourquoi pas. Tout est absolument possible dans ce trou » railla-t-elle en terminant d’enrouler la bande blanche à sa cheville. Puis elle se redressa. « J’en sais trop rien mais ce n’était certainement pas pour une cause caritative » dit Agathe en faisant le tour de la pièce, observant celle-ci au peigne fin, avant de s’avancer vers un nouveau meuble. Le premier tiroir lui fut particulièrement facile à ouvrir.. « Tu crois qu’ils guérissaient le SIDA avec ca » fit-elle, son ton empli de sarcasme en regardant les fioles et instruments dans ledit tiroir. Cependant, c’était loin d’être le cas du second qui était de tout évidence verrouillé. « Pxtain » jura-t-elle en tirant dessus.

Ces trucs inutiles ne l’étaient vraiment pas pour Maureen. Que ce soit dans la vie quotidienne ou ici, la demoiselle prendrait toujours soin d’elle, pas forcément parce que ça la rendait d’une beauté suprême, ni même parce qu’elle n’avait que ça à faire de ses journées, mais elle prenait le temps de se sentir bien dans sa peau. Si elle avait pu naitre avec des ongles vernis, des lèvres glossées et des joues fardées, sa mère aurait sans doute fait de Maureen la fille la plus heureuse du monde. Malheureusement, non seulement elle n’était pas née comme ça, mais en plus sa mère n’avait franchement rien fait pour la rendre heureuse. Tssss. « Faut prendre le temps pour ces trucs, chérie, sinon… » La suite était plutôt évidente, sinon elle ressemblerait à celle qui était juste en face d’elle. Enfin, elle n’était pas moche, elle n’était pas à son avantage, voilà tout. « Comme tu dis, ouais. Ce serait dommage. Remarque, peut-être qu’ « ils » auraient de la compassion et me ferait sortir d’ici. » Un sourire amusé, la jeune femme mima les guillemets comme il se devait avant de finalement retourner au centre de la pièce, se posant contre un lit quelque peu surélevé. La gamine parla ensuite de SIDA, évidemment sa phrase était remplie de sarcasme et Maureen ne put échapper un gloussement amusé. « Evidemment ! J’suis même certaine qu’ils ramenaient des petits africains pour les sauver de leurs misères aussi. » Que des gens biens, quoi. La jeune fille se mit soudain à s’énerver contre un tiroir verrouillé. Levant la tête, Maureen tentait de regarder derrière son épaule. « Si c’est fermé, y a bien une rais… Ha putain ferme ça ! Vite, VIIITE ! » Une araignée génétiquement modifiée – ce n’était pas possible autrement – sortie alors du tiroir que la curieuse venait d’ouvrir. Maureen secoua alors ses bras et ses jambes, histoire que la vilaine bête qui se glissait sous un meuble ne vienne pas sur elle, juste au cas où. Après s’être calmée, l’américaine de Louisiane observa tour à tour l’autre demoiselle et le tiroir ouvert. « Tu vois bien ce que je vois, là ? »

Agathe était du genre beauté naturelle, et elle considérait qu’elle n’avait guère besoin d’artifices pour quoique ce soit. Artifices qui, par ailleurs, ne feraient qu’enlaidir sa personne. Chacun son truc. Puis, la brune avait assez confiance en elle, sa personne, sa beauté, pour ne pas recourir à une tonne de poudre et compagnie pour masquer les imperfections, si imperfections il y’avait. Soit. Alors, lorsque que l’arrivante lui fit la réflexion qu’il fallait prendre son temps pour ce genre de truc, Agathe haussa simplement les épaules. « …sinon je risque de ressembler à ca. » répondit-elle en la pointant du doigt. « Autant dire que non merci » ajouta-t-elle d’un ton assez sec mais en arborant un air mutin avant de se détourner de la brune. On la cherche, on la trouve. « J’pense pas que ces gens là aient de la compassion. Non, ils vont tous nous tuer un à un. Et nous regarder mourir. » répondit-elle la gorge nouée, réprimant un frisson. Agathe ne voulait pas mourir, elle en aurait presque peur. La demoiselle tenait beaucoup trop à la vie pour se laisser mourir ici. Elle estimait qu’elle méritait une mort plus digne. Après quoi la nouvelle remarque de Maureen laissa une empreinte sur le visage souriant de la Danoise. Un peu de sarcasme n’avait jamais fais de mal à personne et encore moins dans une situation comme la leur. Cependant, et dans le même temps, la jeune femme continua de s’énerver sur ce putain de tiroir qui ne daignait s’ouvrir. Elle lâcha jurons sur jurons jusqu’à ce que la Barbie plastifier hurle à l’araignée. Les prunelles d’Agathe vrillèrent en une demi-seconde de l’araignée à l’aiguille géante que tenait précédemment l’accro à la graisse de baleine, l’attrapa et, habillement, la lança pour transpercer la bestiole velue. « C’est fou ca, ils ont tout en gros, grand, et moche ici » fit-elle en regardant la bestiole avant que ses prunelles azur ne vrillent, de nouveau, vers celui de la brune. « J’ai toujours été excellente aux fléchettes. » précisa-t-elle avec un large sourire satisfait de l’effet produit sur la jeune femme en face d’elle. Les deux jeunes femmes se regardèrent un moment avant que la métisse n’ouvre la bouche. « Hein » échappa Agathe incrédule avant de se retourner vers le tiroir. « Qu’est-ce c’est.. » fit-elle en fronçant les sourcils, se penchant légèrement. « Sinon c’est quoi ton petit prénom ? » demanda-t-elle soudainement en se détournant du meuble. Elles n’allaient pas avoir de réponses alors pourquoi s’entêter ? Valait donc mieux ne pas chercher à comprendre non plus, dans un sens..