La matinée avait été longue, pauvre Petzi ! Il n'avait pas imaginé une seule seconde que le jeu auquel il pensait participer se révélait être bien plus dangereux qu'il ne l'avait supposé. Lui qui s'attendait simplement à devoir traquer un loup, faire en sorte de le découvrir avant les autres et remporter un bon pour un séjour dans une station thermale, il en était réduit à chercher un coupable, capable d'homicide, et devait, à ce jour, ne lutter plus que pour sa vie, sa survie. En territoir hostile, il aurait certainement besoin de temps pour prendre ses marques et faire ses preuves. Si les autres candidats à ce jeu mortel étaient à présent dans les mêmes conditions qu lui, il allait de soi qu'il fallait à présent prouver à tout le monde qu'il n'était pas un criminel, qu'il n'était pas un psychopate. Le jeune thérapeute s'effaça du reste du groupe, en début d'après midi. Il avait besoin de réfléchir, de marcher un peu, de prendre l'air. Depuis la veille, il n'y avait pas eu d'attaques, mais si la partie devait se dérouler selon les règles du RABBIT DOUBT, il allait de soit que ce soir, quelqu'un allait trépasser. C'est pourquoi il avait besoin de sortir, de réfléchir. Il fallait qu'il démasque le coupable. En sa qualité de thérapeute, il avait une facilité d'adaptation presque incroyable et surtout intangible, une intelligence folle et des aptitudes à déceler certains mystères plus facilement que d'autre. Si ses suspicions se portaient déjà sur l'un des candidats, il devait prendre à présent en compte le comportement de tout le monde. Il marchait, le désert entourant le fort était brûlant, l'air y était pratiquement irrespirable et les perles de sueur qui ruisselaient sur le front du jeune homme prouvaient à quel point l'atmosphère de ce lieu étrange était inconfortable. Néanmoins, il s'évertua à avancer, l'esprit ailleurs, l'esprit vagabondant. Et si le meurtrier l'avait pris dans sa ligne de mire ? Et s'il ne passait pas la nuit ?

Le désert n'était pas une planque, encore moins la cachette idéale. Ici, tout le monde pouvait vous voir et pour seuls obstacles, on ne rencontrait que, de temps à autre, un cactus ou une brise légère. S'il était venu ici, ce n'était pas pour se cacher, masi simplement pour mettre de l'ordre dans ses pensées. Encore sous le coup des premières émotions, la nuit avait été rude et Petzi n'avait pas beaucoup fermé l'oeil. Dans de pareilles conditions, sa forme physique était pour lui un sacré avantage, malgré tout ce qu'il avait déjà dû endurer. Le manque de sommeil n'avait sur lui pour effet que de rendre sa détermination plus forte et plus puissante. Il ne désirait plus qu'une chose, découvrir qui se cachait derrière toute cette sordide affaire et il était prêt à parier que la réponse était beaucoup plus évidente qu'elle n'y paraissait. Mais pour cela, il devait faire preuve d'imagination et surtout d'intelligence. Il ne fallait pas qu'il se mette à accuser à tort, d'autant plus qu'il savait qu'il était, pour la plupart des candidats, un suspect potentiel, lui aussi. Alors il marchait, sans se préoccuper du reste. D'un naturel préoccupé, sa position de thérapeute l'aiderait sûrement à trouver plus d'indices en observant le comportement de ses camarades de jeu. S'il y avait déjà un ou deux prénoms dont il se souvenait et un ou deux visages qu'il associait déjà au responsable, Petzi ne désirait pas tirer de conclusions hatives et préférait prendre le temps de la réflexion. Le problème, c'est qu'il ne savait pas de combien de temps il disposait encore... Il fut tiré de ses réflexions par Nash, même si, sur le coup, il ne se souvenait pas de son prénom. Esquissant un faible sourire à sa remarque, il observa alentour avant de replonger ses yeux dans ceux de son interlocuteur. « Net ! On pourra pas m'en vouloir d'avoir au moins tenté le coup. » Il tendit sa main devant lui, dans la direction de Nash. « Je m'appelle Petzi, Petzi Cowell ! Et toi ? » Ne pas mettre la charue avant les boeufs, peut-être que Nash n'avait pas été là la veille, peut-être était-il le tueur mais rien ne servait de se montrer tout de suite paniqué et craintif, il valait mieux jouer la carte de l'assurance. Si Nash était dans la même situation que lui, il devait aussi se demander si Petzi n'était pas le coupable.