Feat Keelan

Un matin pas comme les autres, un matin qui signait le début d'une nouvelle, tragique et probablement courte destinée. Ce matin, Aaron avait découvert le corps sans vie de Campbell. Bientôt rejoint par le reste du groupe, les commentaires, et les engueulades qui semblaient n'avoir de cesse depuis leurs arrivées, le fatigua rapidement ! Il échangea quelque peu avant de comprendre que la situation n'avait de futur quelconque. S'ils voulaient tous se mettre sur la gueule et accélérer le mouvement de leur passage de l'autre côté de la rive, c'étaient leur problème. Lui, tourna les talons. Il laissa les moutons brouter et bêler. Il n'était pas enclin à remettre de l'huile sur le feu. A quoi bon ... Se dirigeant vers l'intérieur de la propriété et laissant la pauvre victime au sort des autres gameurs, Aaron rejoint la seule source d'eau potable du camp. Il en avala plusieurs grosses lampées avant de refaire un tour et de finalement se positionner sur une chaise en bois bancale. Positionner face à une fenêtre presque opaque de saleté, Aaron pouvait deviner les silhouettes à l'extérieur. Il les voyaient s'agiter, brouillés mais pourtant tout était clair : c'était le bordel. Il voyait les bouches s'ouvrirent, les corps s'agiter, le tout sans aucun bruit. Il avait comme coupé le son. Il regardait tout ça de loin. Et lorsque peu à peu tous se dispersèrent, fut le moment qu'il choisi pour quitter son trône de fortune. Il se redressa, rentra sa chemise dans son jeans, dans une veine peine de paraître encore un peu humain et civilisé. Keelan était resté au milieu de la pleine, prêt du corps. Il était seul, sous les rayons du soleil qui frappait désormais plus fort. Son visage perlait et son chapeau poussiéreux posé à ses côtés semblait - à l'image de tous ici - défraîchi et sans espoir. Besoin d'un coup de main dude ? Il était clair que la jeune pieuse ne pouvait rester allongée là sous la chaleur qui n'allait tarder à se faire accablante. Elle qui s'était battue pour le respect du corps et de l'âme d'une parfaite inconnue, méritait un adieu digne de ce nom. Keelan c'est ça ?

Billie. Son visage n'avait eu de cesse de me hanter toute la nuit. Qu'avions nous fait ? Comment un être humain pouvait il en arriver là ? Si j'étais déjà parano avant le meurtre, là depuis, il est clair que je me méfiais de tout le monde puissance dix. Quand je voyais de quoi ils étaient capable... Exécuter quelqu'un sous prétexte qu'une voix aux enceintes leur à dit de le faire. Effrayant. Le pire étant le comportement de certains, froids, implacables, limite sans la moindre émotion humaine. Pas étonnant que je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit, c'est qu'un de ces enfoirés serait capable de m'étouffer dans mon sommeil. J'errais sans but précis dans le domaine lorsque des cris attirèrent mon attention. Quoi encore ? Je me dirigeai vers les hurlements, et quelle ne fut pas ma stupeur lorsque pour la troisième fois en deux jours, je découvris un corps sans vie. Électrocutée sur des barbelées. Je reconnus son visage. La rousse de la veille qui désirait enterrer la parfaite inconnue. S'était elle tuée en essayant de s'échapper ? Peu probable, il faudrait être fou pour cela. Une autre solution, terrible, s'imposait à moi. Nous étions réellement en train de vivre une partie de Rabbit Doubt géante. Ce qui signifiait...ce qui signifiait...que nous allions tous mourir un par un. Une idée que je ne pouvais supporter, j'étais jeune, j'avais toute la vie devant moi...Hors de question que je meurs. Mais pour l'instant, je pensais à cette fille, tuée de manière horrible, et qui restait là à pourrir sous le soleil. Tout le monde s'était éparpillé, la laissant à son triste sort. Elle méritait bien mieux que ça. Je réfléchissais à comment je pourrais la tirer de là sans me faire électrocuter, quand une voix me sortit de mes songes. Besoin d'un coup de main dude ? Je tournai la tête vers l'arrivant. Aaron. Un des « joueurs » qui avait l'air le plus normal. Ça ne serait pas de refus. Une idée de comment on pourrait la sortir de là ? Il faudrait un isolant. Il se souvint alors de mon prénom.  « C'est ça. Et si mes souvenirs sont bons, Aaron ? » Je reposai les yeux sur la défunte.  « Tu sais comment elle s'appelait ? » Je ne connaissais même pas son prénom, pour dire à quel point la situation était triste.

Le jeune homme était désireux de décrocher le cadavre des fils barbelés qui s'étaient vicieusement entortillés à elle. Comme les doigts crochus et malveillant d'une sorcière, ils s'étaient agrippé à ses vêtements, à sa peau ... Elle était morte comme à la merci même de la main de la mort. Ca donnait froid dans le dos. C'était étrangement orchestré et visuel. La personne derrière tout ça devait avoir un oeil exercé. Encore plus effrayant ... Aaron avala, la gorge sèche et l'estomac au bord des lèvres. Ouaip c'est bien ça ... Aaron. Il s'approcha un peu, balaya les alentours du regard et posa les yeux sur un grand bout de bois. Ses semelles de bottines étant en caoutchouc, ça ne devrait pas poser de problème. Il attrapa le bout de bois en question et hésita avant de le pointer en direction de la morte. Bien qu'il ne la touchait que par matière interposée, il en ressentait tous les désagréments. Même plus encore. C'était si ... impersonnel. Il s'acharna, tenta du mieux qu'il pouvait d'oter ses fils de fer, de les éloigner. Saleté ! Ca ne veut pas se barrer cette connerie. Attends ... voilà tire là vite ! Et dire qu'ils parlaient d'un être humain ... Dès qu'il le pu, Aaron jeta au loin son bâton. Malheureusement, il avait beau eu y mettre toute ses forces, le sentiment de culpabilité lui était resté collé à sa peau. Il essuya son front y laissant une trace de poussière grasse, il remonta ses manches et se laissa tomber à genoux aux côtés de Keelan et la jeune chaste. Elle était si pâle. Campbell ... son nom c'était Campbell. Il aurait voulu ajouter quelque chose, sur elle, sur la situation, mais rien ne lui vint. Il n'y avait rien à dire, ils étaient tous dans le noir et au fond c'était bien ça le plus angoissant.