« Un jour, un loup se faufila dans un groupe de lapins bienveillants. Lorsque les autres s'étaient endormis, le loup reprenait sa forme originelle. Jour après jour, un par un, il tua les lapins. Ceux-ci, ignorant lequel d'entre eux était en réalité le loup, se réunirent. Alors, le tribunal se décida sur qui ils pensaient être le loup - et ils le tuèrent. Si leur choix s'avérait correct, alors les lapins gagnaient. Si non... Tous les lapins seraient tués par le loup. »
Il y a quelques jours, tu as reçu une invitation. Une invitation t'invitant, toi, pauvre inconnu, à te joindre à la plus grande partie jamais jouée. Tu ne comprends pas. Ou peut-être es-tu un peu excité. Qui est cet inconnu ? Comment te connait-il ? Tu es une personne comme les autres, qui joue sur son téléphone portable lorsqu'elle s'ennuie. Comme les autres. Non. Virtuellement, tu es un roi. Tu connais le jeu, tu connais les règles, tu es un joueur invétéré, un compétiteur infatigable. Tu te souviens alors de ce message que tu as reçu, il y a quelques temps. « Es-tu prêt à jouer ? » Tu n'y avais pas prêté attention. Ou peut-être que si. À peine une heure plus tard, tu avais de nouveau ce message sous les yeux. Tu ne savais pourquoi. Curiosité. Défi. Tu réponds que tu es prêt. Aussitôt te parvient une adresse. Suspicieux, étonné, mais aussi avide, tu pars. Inutile d'avertir qui que ce soit, les rencontres entre joueurs ne sont plus rares, à présent. Tu connais l'endroit, tu y seras vite. Les doigts serrés sur le guidon de ton vélo, tu souris. Tu sais d'avance que la partie sera exceptionnelle. Tu sens ces choses-là. Tu poses le pieds à terre, un nouveau message t'attend sur ton téléphone portable.« Fort MacArthur, New Castle. » Impatient d'avoir en face de toi ces joueurs mystérieux, tu repars. Il y a quelques jours, tu as reçu une invitation. Une invitation t'invitant, toi, pauvre inconnu, à te joindre à la plus grande partie jamais jouée. Tu regrettes aujourd'hui. Les yeux rivés sur la masse au bout de la corde, qui se balance doucement dans une danse funeste, tu te consoles en te disant que tu n'avais pas le choix. Que vous n'aviez pas le choix. C'était lui ou toi. Lui ou vous tous. Maintenant vous êtes saufs, tu en es sûr. Il n'est plus. Alors pourquoi ne cesses-tu pas de trembler ?
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