» Je ne crois que ce que je vois. (04/11_19h46)

» Je ne crois que ce que je vois.
03/11_19h46
featuring lysander.

La nuit commençait à tomber. Le ciel s’obscurcissait à vu d’œil. Agathe déglutit. Autant elle adorait trainer le soir, elle aimait la nuit, mais dans ces conditions là, elle avait presque peur. Peur qu’en fermant les yeux, elle ne puisse les rouvrir le lendemain. Cet endroit ne lui inspirait aucunement confiance, il lui faisait froid dans le dos. Et, cette journée fut épuisante. Agathe était fatiguée, elle cumulait la fatigue, mais il lui était absolument impensable d’aller rejoindre le dortoir, s’allonger dans un des lits miteux et se laisser aller à Morphée. Impossible. La brune n’avait confiance en personne. La jeune femme ramena ses bras autour d’elle, ferma les yeux un instant, laissant l’air frais caresser sa peau diaphane. Puis, elle pivota et se dirigea vers une bâtisse avec un peu de chance elle trouverait un petit coin où elle pourrait se reposer. Un peu au moins. Après quoi, deux longs, presque sinueux, couloirs s’offraient à elle, la belle suivit son instinct et pris celui de droite, arriva devant une porte qu’elle poussa sans réfléchir. Et là, là, elle crut mourir. Des dizaines de petit écran, voire plus, certains allumés, d’autres éteints. Ceux qui étaient allumés faisaient défiler des images de lieu qu’elle connaissait, où elle avait déjà été... La base militaire elle-même. Agathe aperçut des visages qu’elle avait pu croiser dans des diverses pièces. La brune compris rapidement que c’était une salle de vidéo-surveillance. Ils étaient épiés, traqués… La demoiselle écarquilla les yeux. C’était la quatrième dimension. Un énorme délire. Agathe était en plein rêve, cauchemar. Mais il fallait qu’elle se réveille, c’était vital à ce stade là. Quelques secondes coulèrent, la brune se reprit secouant la tête. Puis, la jeune femme aligna quelques pas, s’approchant doucement des écrans, posa les mains sur la large table, se penchant vers l’un des écrans, le scrutant avec une attention particulière..

Ces derniers jours, Lysander s'était muré dans un silence impartial, comme plongé dans un coma. Ils s'était contenté de vagabonder dans la base militaire, quitte à éveiller les soupçons. Il avait pris part à la deuxième assemblée, mais n'avait pas daigné lâcher un seul mot. Les autres s'étaient chargés de le faire à sa place. Résultat, une vie innocente avait été prise, encore une fois. C'était comme un cauchemar dont on savait qu'on ne pouvait pas s'échapper. Il s'était résigné à rester piégé dans cette enceinte, maudissant sa naïveté. Hier soir, il avait suivi le mouvement de contestation et avait passé la soirée assis dans un coin sombre d'une des nombreuses pièces vides, les jambes repliées vers son ventre, les bras encerclant ses genoux. Avec un peu de chance, les portes se seraient ouvertes et ils auraient pu sortir. Quelle stupidité. Ils étaient condamnés, comme des porcs partant pour l'abattoir. Comme depuis le début de ce que certains osaient appeler un "jeu", il ne craignait pas la mort. Mais maintenant, il était animé d'un tout autre sentiment. Andy avait la folle envie de se retrouver face à face avec ce meurtrier, pour lui faire payer. Malheureusement, il n'avait pas encore eu cette chance. Deux autres vies, pour la première fois des hommes, avaient été prises. Il apprit par d'autres personnes que les cadavres avaient été retrouvés dans une chambre froide, auparavant impossible d'accès. Cette chambre contenait également des vivres, pour rationner les prisonniers. Lysander ne pensait même plus à la faim. Pourtant, celle-ci était présente, elle le tiraillait depuis plusieurs jours, mais il n'y faisait pas attention. Fallait-il réellement goûter à ces aliments ? Ne seraient-ils pas tous empoisonnés ? Ne s'agissait-il pas là d'une façon de tous les faire mourir en un seul coup ? Le coup gagnant. Personne ne pouvait encore apporter de réponse. Le jeune homme passa la journée dans la pièce dans laquelle il avait trouvé refuge. Quand le soleil se fit moins étincelant et que la nuit commença à tomber, il entendit des bruits de pas dans le couloir voisin. Andy choisit ce moment pour se réanimer. Il y avait dans ces bruits de pas quelque chose de déterminé, quelque chose de vivant. Il ouvrit la porte, et eut juste le temps d'apercevoir une silhouette qui entrait dans une autre pièce, au fond du corridor. Lysander la suivit, attendit quelque secondes devant la porte puis actionna la poignée. Une jeune fille, à l'allure fière, qu'il avait eu l'occasion de voir à plusieurs reprises mais à qui il n'avait jamais parlé, se tenait devant une multitude d'écrans allumés, dont certains grésillaient. Agathe, c'était son nom. Il avait entendu plusieurs personnes le prononcer. Celle-ci avait les yeux tellement rivés sur les écrans qui lui faisaient face qu'elle ne remarqua même pas la présence de Lysander. Celui-ci s'approcha d'elle, indiquant sa présence en se raclant la gorge, avant d'ajouter : « Penses-tu avoir démasqué le loup ? »

« Putain » souffla-t-elle après quelques minutes de silence. Epiés, surveillés, traqués, et tués.. de vrais cobayes, de vrais petits jouets.. Puis une idée vint lui hanter l’esprit. Et si tout ceci était faux, et si c’était une espèce d’émission de téléréalité dans lequel on les avait enrôlé à leur insu.. Tout était possible après tout. Une sorte de grosse machination… Agathe trouvait des explications à tout les événements qui s’étaient déroulés jusqu’alors.. Sauf aux pendaisons répétées qu’ils avaient orchestrés…Ca, la demoiselle était certaine que c’était vrai..ce qui, par conséquent, anéantissait tout ses espoirs et annulait sa théorie auquel elle aurait bien voulu croire bien qu’un peu tiré par les cheveux. Entre temps quelqu’un s’était faufilé à l’intérieur de la pièce, Agathe bien trop absorbée par ses pensées et les nombreux écrans sous ses yeux n’avait rien remarqué jusqu’à ce que l’intrus manifeste sa présence par un raclement de gorge. La demoiselle arqua un sourcil, limite exacerbée par le manque de manière de la personne. Tant qu‘il y‘était il n‘avait qu‘à la siffler. « Quoi, mon heure est arrivée c’est ca » lâcha-t-elle désinvolte et ironique, sans pour autant se retourner. Après quoi, la voix s’éleva de nouveau lui demandant si elle pensait avoir démasqué le loup. De là, elle se retourna, se calant contre l’espèce de bureau, faisant face au jeune homme avant de le passer au rayon x. « T’es qui toi d’abord » fit-elle, croisant les bras sur sa poitrine, les yeux plantés dans ceux du trentenaire. Agathe ne l'avait aperçu que quelques fois, elle ne connaissait même pas son prénom c'est pour dire, et même si elle s'était rendait compte que ses suspicions quant au loup s'étaient révélées fausses la plupart du temps, la demoiselle ne comptait pas partager ses pensées ou faire équipe avec un parfait inconnu.

Lysander avait préféré ne pas répondre à la remarque d'Agathe. Après tout, n'importe quelle parole aurait pu être mal interprétée, et il préférait rester le plus loin possible de la potence... Voyant qu'il ne répondait pas, la jeune fille se retourna vers lui brusquement, lui jetant un regard glacial avant de lui demander sèchement qui il était. « Tu sais, c'est pas parce que nous sommes retenus prisonniers dans ce taudis que nous devons obligatoirement perdre toute trace de politesse. Moi c'est Lysander. Le gars qui a trouvé le corps de la fille crucifiée. » Sachant que son prénom n'allait rien lui rappeler, il avait trouvé utile d'ajouter cette dernière remarque. Avant qu'elle n'ait pu lui répondre, Andy se déplaça pour être plus près des écrans, qui retransmettaient les images de la quasi-totalité des lieux de Fort MacArthur. Il resta devant ces images animées un long moment, comme hypnotisé. Au bout d'un moment, certains écrans se mirent à grésiller tandis que d'autres, jusqu'alors éteints, s'allumèrent. Parfois, d'autres joueurs passaient devant les caméras, sans se rendre compte qu'ils étaient filmés. « Soit c'est un cadeau du malade qui nous retient ici, soit c'est encore un piège. Je pencherais plutôt vers la seconde hypothèse. »

HORS-JEU : C'est très court et très nul, désolé.