Une journée qu’il les observait derrière son écran d’ordinateur ou bien qu’il les imaginait tout simplement se demander qui était derrière cette mascarade. Il avait assisté à certains rapprochements, mais surtout, il s’était délecté de la peur qui hantait chacun d’entre eux. Ils avaient rapidement compris ce qui les rapprochait tous. Ils étaient des joueurs invétérés, des accrocs à l’excitation que leur procurait le jeu. Il ne fallait pas qu’ils s’inquiètent, ils allaient jouer… Les vingt-quatre lapins s’étaient déjà rendus compte qu’un loup se cachait parmi eux. Bien. Très bien. Certains d’entre eux avaient même deviné qu’il allait falloir désigner la personne qu’ils pensaient être coupable du meurtre de cette pauvre innocente. Excellent. Ce moment était arrivé. Dans l’après-midi, le loup s’était chargé en toute discrétion de mettre le plan de son maître en exécution. Immédiatement, un message audio s’était propagé dans tout le fort, répétant en boucle : « Le menteur doit mourir. » Ils connaissaient tous assez bien le jeu pour savoir de quoi il s’agissait. Il était temps pour le meurtrier de subir son châtiment. Les suspicions s’infiltrèrent dans la tête de chacun, agissant tel un poison. Vers la fin de l’après-midi, alors que le soleil commençait à se coucher à l’horizon, ils se réunirent tous, sans exception, autour de la potence. Quel autre endroit sinon celui-ci ? Lentement, les langues se délièrent, des prénoms sortirent de la bouche des lapins, mais un seul s’imposait aux autres.

« C’est Billie la coupable ! »

En une fraction de seconde, tous se saisirent d’elles, sans qu’elle puisse avoir le temps de réagir. Ils la poussèrent tous à monter les escaliers, la corde l’attendant sagement en haut. Ils lui passèrent la tête à travers puis ils serrèrent le nœud coulissant. Toute nature humaine semblait les avoir quittés. Il ne restait plus que leur instinct animal. Enfin, sans crier gare, ils actionnèrent le levier, ouvrant la trappe dans le plancher de l’estrade, expédiant le corps de la jeune femme dans le vide…

Le silence se fit. Personne n’osa parler. Tout le monde regarda le corps sans vie se mouvoir au-dessus du sol. Avaient-ils fait le bon choix ? N’allaient-ils pas regretter leur décision ? Ils allaient bientôt le savoir…



INDICATION HJ: vous pouvez bien évidemment poster à la suite.

Depuis les douze coups de midi, un message résonnait en boucle au sein du fort: le menteur devait mourir. En tant que joueurs aguerris, nous ne connaissions que trop bien les règles de Rabbit Doubt, et nul n'était sans savoir que ce soir, l'un de nous pendrait vilement à la potence, et ce de par un choix de groupe. Cependant, sacrifier un de mes camarades me semblait au-dessus de mes capacités. Suivant les autres, je les avais tout de même rejoint au point de raliement, plus par peur du loup errant que d'autre chose: bien que je refusais d'incrimer mes soit-disant amis, la crainte du menteur était toujours là, omniprésente. Alors, tandis qu'ils débattaient entre eux quant au nom du traître parmi nous, je me contentais de les observer, mutin, les bras croisés. C'était sans compter sur un grand brun encore inconnu à mes yeux qui m'obligea à donner un prénom, sans quoi je serrais moi-même considéré comme le loup puisque neutre: en craignant soudainement pour ma vie, je désignais une personne au hasard, plus par réflexe que par réelle réflexion. La minute d'après, c'était à l'étrange Billie que l'on passait la corde au cou. J'allais m'avancer pour les en empêcher, mais il était déjà trop tard, un mec me bara le passage. Pour m'épargner le macabre spectacle, je tournais vivement la tête, mais le craquement de sa nuque désormais brisée arriva à mes oreilles, m'arrachant la mimique et le gémissement d'un dégout certain. P'tain mais, vous êtes des grands malades! Qui vous dit qu'c'était elle le loup?! P't'êt' qu'il rode encore là, bande de cons!

Une nuit et une journée : un enfer ! Un enfer comme jamais Aaron ne l'avait vécu. Cet endroit était lugubre et ce qu'il avait pris pour une blague de mauvais goût commençait à sérieusement devenir flippant. Après tout, il y avait déjà un mort en cause, une mort horriblement mise en scène. Et alors que le soleil commençait déjà à se cacher derrière la colline, un message crispant fut craché, presque hurlé en boucle des heuts parleurs rouillés de l'immense propriété : « Le menteur doit mourir. » . C'était assourdissant, strident. Le temps passait et bien qu'ayant essayer d'ignorer la règles, les premiers se mirent à paniquer. S'ils ne se mettait pas d'accord sur une personne à éliminer, ils risquaient tous d'y passer. Cela dit Aaron était retissant. Il ne pouvait pas croire qu'un meurtre puise être la solution. Bon sang mais dans quel merdier c'était il fourré ? Etait-ce seulement réel ?? Il fallait croire oui ... car dans ce contexte d'angoisse et de folie, tous se ruèrent sur une seule et même candidate. Enfin presque. Le moment avait été horrible, cruel, il y avaient eu des cris, des pleurs, des hurlements. Certains hommes s'étaient transformés en bêtes sauvages. Aaron ne se souvient presque plus de tout ... c'était flou, sa tête allait exploser. Il était un peu en retrait, le regard fixe sur ce corps sans vie qui balançait encore dans le vide. Billie, elle n'avait eu aucune chance. Il était sous le choc. Il la revoyait encore être la première à lui adresser la parole. Certes, la jeune femmes semblait avoir un sérieux grain, mais le choix semblait si "facile". C'était comme à l'époque des sorcières ou au Moyen Age. Si tu sortais des cases, t'étais bon à cramer sur un bûcher. Il n'en pouvait plus, Aaron ne pu s'empêcher de s'accroupir, la respiration haletante, une main sur la bouche. Ses yeux ne pouvait quitter le corps décédé, ses cheveux soulevés par le vent et ses yeux révulsés. Il pouvait presque voir son teint pâlir à vue d'oeil. C'est comme s'il était témoin de l'action de la mort, cette invincible faucheuse qui venait d'aggriper ses doigts crochus sur la beauté fânée de Billie.

Le menteur doit mourir. Tel était le message qui résonnait depuis un bout de temps maintenant. Plutôt effrayant. On comprenait tous ce que cela signifier. Une personne voulait qu'on désigne ce soir, le loup, pour le sacrifier sur la place publique. Comme si ça risquait d'arriver. Alors j'avais continué à trifouiller partout, cherchant désespérément une sortie, en vain. Les gens commençant à se rassembler autour de la potence, de las, je fis pareil, histoire de ne rien manquer à la suite des événements. Et là un truc improbable se passa, des noms fusaient, cherchant à désigner un coupable...Apparemment, les mecs prenaient vraiment au sérieux la menace. « Vous êtes sérieux là ? Vous allez vraiment entrer dans le jeu d'un pauvre détraqué ? On est une vingtaine, qu'est ce qui pourrait nous arriver ? Moi je propose qu'on ne fasse rien, et qu'on attende de voir ce qu'il se passe. » Apparemment tout le monde n'était pas d'accord. On était en plein cauchemar. On allait vraiment pendre une personne, sous prétexte qu'un message à la con passait en boucle ? Pour autant qu'on sache il pourrait très bien ne rien se passer ! Mais non, certains n'étaient pas prêt à courir le risque. Et ce fut le nom de Billie qui revint le plus souvent. Pas étonnant, elle avait un comportement vraiment étrange. Mais franchement, je trouvais ça trop facile. Le loup devait probablement être quelqu'un au dessus de tout soupçon. Je ne voulu même pas regarder lorsqu'on l'emmena vers la potence, et serra autours du coup la corde. Ce fut le bruit de sa nuque brisée le plus horrible. Un son qui me hantera probablement encore longtemps. « P'tain de geek à la con » Les mecs ils se croyaient réellement dans le jeu !

« Billie. » Lâcha Maureen lorsque le moment fut le plus propice. C’était Billie ou Maureen et putain, ce ne serait pas Maureen. Puis elle était bizarre cette fille, elle s’était approchée de la gamine morte la veille et l’avait observée, comme on observe son propre crime. C’était douteux. C’était glauque. Le prénom de Billie revint plusieurs fois également, les autres aussi devaient penser qu’elle était trop étrange pour être honnête. Parce que soyons sincères, ce n’était pas la force de Maureen qui avait porté Billie sur l’échafaud. Pendue, putaindesamère. C’était soit Billie, soit Maureen. Si ils avaient raisons, ils seraient libres. Fermant les yeux, elle n’osa pas regarder le corps pendre au bout de la corde, elle attendait que les grilles s’ouvrent. Allez. Allez. Plus un bruit, Billie-le-loup devait être morte à cet instant. Là, un connard du nom de Ty ouvrit sa bouche. « Ferme ta bouche, toi. T’étais où y a cinq minutes pour dire que tu préférais te sacrifier plutôt qu’elle ne meurt, hein ? Et non, on ne sait pas si c’est elle le loup, mais on ne sait pas non plus si ce n’était pas elle. Alors faire la morale c’est bien beau, en attendant t’es bien content de respirer encore, pauvre con. » C’était une question de survie, putain. Maureen n’avait aucune envie de se faire tuer par le loup comme elle n’avait pas eu envie non plus de dire un prénom. C’était Rabbit Doubt, pas le jeu de l’oie. Les mains tremblantes, elle n’en pouvait plus de voir ces mecs qui ne portaient pas leurs co.illes.

Et le corps de Billie pendait, pendait encore et encore, entrainait par la vitesse à laquelle elle avait chuté et celle à laquelle elle avait crevé. Certes, cette fille avait un grain, mais était-il réellement nécessaire de lui faire subir ça? Ma grande relativité m'hurlait que non. Quel était notre intérêt à suivre les règles? Aucun. Le Maître du Jeu ne pouvait rien faire contre vingt personnes groupées en quête de survie, mais ça, mes camarades ne semblaient pas encore l'avoir compris: il était cependant trop tard pour ouvrir les yeux, le sacrifice avait été fait et c'était un lapin qui nous avait quitté. Comme bien d'autres si nous continuions sur cette lancée. Je gueulais, une brune oversiliconée ripostait, le verbe bien trop haut à mes yeux. J'avais beau tirer vers le bisounours, il y avait tout de même les barrières de l'irrespect à ne pas franchir. Tu m'parles de sacrifice mais t'étais pas là non plus pour être pendu à sa place, donc la ramène pas, j'te pense tout aussi mal placée qu'moi pour m'faire une remarque de c'genre. On est tous dans l'même panier, dans la même merde, et si vous êtes tous assez cons pour croire qu'c'est en suivant les règles de c'putain d'Maître qu'on survivra, mes excuses mais j'peux plus rien pour vous. Je n'avais jamais autant haussé le ton de ma courte vie, et à vrai dire, ma tirade me troubla. Moi qui me pensais extrèmement con, je venais de trouver de la concurrence.

« Tu comprends les mots qui sortent de ma bouche ? Je te dis d’arrêter de jouer les moralisateurs quand t’es pas capable de te sacrifier pour ce que tu crois. Il est évident que je compte sauver ma peau ici, putain. Et qui te dis que ce malade est tout seul, hein ? Compte pas sur moi pour attendre de savoir ce qu’ils nous feront si on leur obéit pas. » Ce mec sortait tout droit des bisounours pour être aussi idiot. Pensait-il vraiment qu’on était séquestré ici, à la merci de psychopathes et que si on tentait quoique ce soit, ils n’allaient pas nous tuer, hallucinant. Maureen pointa ensuite la défunte, était-ce le loup, elle l’espérait en tout cas. Parce que Ty n’en savait rien finalement, peut-être que le jeu était finit grâce à cette pendaison. A moins que Ty sache autre chose qu’il cachait à tout le monde. S’il était si sur de lui, alors peut-être que c’était lui le loup. « Quand t’auras finis de brailler comme un gosse, t’iras décrocher ta pote qui vient peut-être de te sauver la vie. » Après un regard furieux vers Ty, Maureen préféra s’écarter de ces gens qui ne comprenait strictement rien au « jeu ».

Nenad était profondément choqué par la tournure des évènements. Tellement choqué qu'au fond, son traumatisme apparaissait comme une indifférence, ce pourquoi il n'hésita pas à lâcher un prénom tant que celui-ci n'était pas le sien. Il ne voulait pas mourir, il voulait survivre. Tant qu'il n'aurait pas à monter sur la potence, il avait encore une chance de pouvoir s'en sortir et trouver une issue. L'espoir qui l'habitait encore était peut-être la seule façon pour lui de rester en vie, de supporter cette aventure, qui l'épuisait et le rendrait sûrement dingue si elle continuait trop longtemps. Il n'écouta pas les jérémiades, les pleurs, les cris. Il fixa Billie au bout de sa corde, n'osa pas croiser son regard avant qu'elle ne meurt à son tour, et baissa les yeux lorsque les planches sous ses pieds s'abaissèrent. Plus rien. Un silence de mort vint s'installer, pesant, sur les épaules de chacun de ses co-équipiers. L'un d'eux étaient le loup, il en était persuadé. Et ils devraient tous s'abaisser à désigner l'un d'entre eux tant qu'ils n'auraient pas mis le doigt sur le véritable coupable. Tel un automate, il attrapa le poignet de Ty, avec qui il avait vécu une expérience angoissante qui l'avait dans un certain sens rapproché. Il le tira un peu, lui intima de se taire d'un regard. « Y'a plus rien à faire gros, les règles du jeu sont ainsi, si tu as décidé de ne pas les suivre alors tu te feras sûrement tué comme elle. Aide-moi à la décrocher. » Il n'attendit pas une quelconque réponse de sa part et grimpa les marches, un haut le cœur en constatant le corps sans vie de Billie. « Pardonne-nous. »

Un type se la ramenait, et j'étais plus que d'accord avec ses propos. Ce n'était pas en suivant stupidement des pseudos règles qu'on allait sauver notre peau. Mais les filles ne semblaient pas d'accord. D'ailleurs je fus interpeller par une, Agathe me semblait il. Je l'avais déjà remarqué pour ses propos...choquants. Genre on avait pas le droit de faire preuve de bon sentiments. Donc quoi ? On devait tous êtres des robots sans la moindre émotion humaine ? « Et tu voulais que je fasse quoi au juste ? Je ne peux pas contrôler les actes des autres. » Ce qu'elle venait de dire était complètement stupide. Je ne pouvais empêcher une bande de taré d'aller pendre une fille. Il semblait impossible de raisonner qui que ce soit ici. « Et excuses moi de faire preuve d'un peu d'humanité. J'ai le droit de trouver affolant à quel point vous êtes rapide pour sacrifier la vie d'une personne. Comme des petits moutons. Sans même chercher à comprendre plus loin. » Et puis qu'elle aille se faire foutre, je n'avais pas envie de déblatérer plus longtemps avec elle. Je décidai alors de prêter main forte à Nenad afin de détacher Billie. Je grimpai les marches et arrivai à sa hauteur. Je réprimai un haut le cœur. Elle ne méritait vraiment pas de mourir ainsi. Personne ne le mériterait. « Reposes en paix. » Aidé, nous soulevions le corps encore chaud de la défunte, d'une main je lui ôtais le nœud coulant autours de son cou, mais je dû m'y reprendre à plusieurs fois, ayant la main qui tremblait. Une fois cela fait, nous posâmes son cadavre sur le sol. « On devrait l'enterrer. » Cela me semblait la chose la plus naturelle à faire. Tout à coup, la rousse de la dernière fois qui voulait enterrer la morte ne me semblait plus si folle que ça.

T'sais quoi, essayer d'me justifier alors qu'j'ai même pas à l'faire auprès d'une meuf qui m'sort le même disque à chaque fois qu'elle ouvre la bouche, c'est pas franch'ment mon truc. Alors continue à gueuler dans l'vent si ça t'branche, mais pour moi c'te discussion d'sourds s'arrête là. J'avais été agressé dans ma vie, le quartier dans lequel je vivais y étant pour beaucoup, mais je n'avais, il me semble, jamais été aussi mal après une altercation. Peut-être parce qu'elle avait raison et que je m'obstinais à avoir tort, peut-être aussi parce que j'étais tout simplement un mec incapable d'hausser le ton et que le faire face à une fille dans pareille situation m'avait totalement... boulversé. Pour dire, j'étais absolument incapable d'allumer ma clope tant mes mains tremblaient. Je soufflais un grand coup, me concentrais sur la flamme crépitante qui finalement, après quelques secondes d'hésitation, brûla mon tabac. Je me savais faible, mais tout de même pas à ce point. Se rendant probablement compte de l'état pitoyable dans lequel j'étais, Nenad, le balafré avec qui j'avais, non sans peurs, exploré les souterrains du fort, m'attrapa le poignet, me signifiant plus ou moins clairement que refuser de me soumettre aux directives du Maître du Jeu ne ferait que me mener à l'échafaud. Quite à êt' tué, j'préfère encore tenté d'm'en sortir et finalement crever en ayant suivi mes propres règles plutôt qu'de finir comme Billie. On a plus rien à perdre de toute manière. Sans même un regard à mon égard, Nenad grimpa les marches menant à la défunte et m'intima de l'aider à la décrocher. Chancelant, je m'approchais du corps, tentais de tendre la main, sans succès: mes propres membres ne m'obéissaient même plus. J-J'suis désolé mais j'peux vraiment pas... Keelan va t'aider. Et sur cet sorte de marmonemment amélioré, je m'en allais, le pas rapide et des larmes aux coins des yeux: plutôt crever que tout le monde me voit dans cet état. J'allais beau être déjà bien ridicule aux yeux de tous, je ne tenais pas à m'enfoncer davantage.

C'était un peu le comble du comble au final. Il aurait peut-être même paru plus logique de se dire qu'un muet disait à un sourd qu'un aveugle les regardaient derrière les cheveux d'un sourd. Quoique. Mais cela restait néanmoins se foutre de la gueule du monde tant la question qui leur était posée était absurde et les réponses fournies allaient s'avérer subjectives. Après une journée, rares étaient ceux qui avaient pu analyser chacune des personnes qui l'entourait et peser le pour et le contre pour savoir lequel il fallait plus soupçonner que son voisin. Des messages audios avaient tournés en boucle partout dans ces étranges lieux, on leur disait que le menteur devait mourir. C’était pire que tout et cela faisait monter l'anxiété à son paroxysme ! Tous ces messages subliminaux et surtout ce message qui ne s'arrêtait pas fit qu'au final, tout le monde se retrouva réunit près de la potence. Zeke ne comprenait pas bien mais se laissa naïvement entraîner par la foule, par peur également de devoir rester seul quelque part dans cet endroit froid et lugubre. Tout d'un coup, certains commencèrent à citer des noms, des potentiels suspects. Mais bordel, que se passait-il ? La réalité était tout doucement en train de dépasser ce jeu qu'ils avaient tous l'air de trop bien connaître, tous ces gens autour de Zeke ou tout du moins la plupart d'entre eux devenaient comme ... fou ! Le ton monta très vite et les accusations partaient dans tous les sens mais que faire au final ? Certainement trop influençable et impressionné par cette foule, le new-yorkais s'exécuta à son tour, lança plutôt au hasard qu'autre chose le nom d'Aaron, la discrétion duquel il avait été surpris mais au final, personne ne l'entendit puisque ce fut une certaine Billie qui restait aux lèvres de la majorité. Sans que Zeke n'eut le temps de se rendre compte de quoi que ce soit, certains saisissaient déjà la jeune femme en question. Non ... ils n'allaient pas faire ça, bordel ?! Impuissant et décontenancé au possible, Zeke se tourna, fermant les paupières aussi fort qu'ils le pouvait et se bouchant les oreilles. Il restant ainsi, immobile durant plusieurs minutes, de longues minutes, c'était intenable, vraiment ! Naïvement et le plus innocemment du monde il finit par lancer, toujours yeux fermés et oreilles bouchées : « Vous n'avez aucune pitié ? Aucune dignité face à la vie ? » Il ne l'avait pas dit très fort mais peut-être assez pour être entendu, c'était atroce ! A l'heure qu'il est, une vie venait sans doute d'être enlevée à quelqu'un ... Pourquoi ? Pour rien au final ! Mais ça allait être ainsi jusqu'à ... on ne le savait pas encore au final.

C'était de la barbarie. Aucune morale, aucune conscience. Mais nous étions tous dans le même bateau, tous pris dans la même galère. Jamais je n'aurais pensé, un jour dans ma vie, devoir donner la mort à quelqu'un. Je n'étais pas du genre à être préoccupée par la mort, à réellement m'en soucier. Mais jamais dans ma vie non plus, je n'avais eu l'occasion de dire haut et fort que je voulais voir quelqu'un mourir, devant mes yeux. Pourtant, c'est ce que j'avais fait se soir. Mais au contraire de plusieurs présent, ce n'était pas le nom de billie qui était sortie de ma bouche. J'avais parlé avec elle, pas très longtemps, mais je lui avais parlé. Il est vrai qu'elle était étrange, qu'elle n'agissait pas comme les autres, mais je n'avais rien sentit de réellement négatif d'elle. Je me laissais guider par mes instincts et ceux-ci me laissèrent comprendre que nous faisions une erreur en donnant la peine de mort à billie. « attendez… elle n'est pas la coupable.» dis-je de ma petite voix habituelle, ce qui n'eut pas réellement d'impact sur la décision de tous. En un rien de temps, le corps de billie se retrouvait pendu devant nous, dans toute l'horreur qu'il pouvait exister sur terre. Oui, c'était réellement de la barbarie. Mais nous voulions survivre, comment en vouloir aux autres. Ce n'était pas moi qui allait chialer, ou même commenter l'acte de chacun. C'est l'instinct de suivit qui embarque, qui nous pousse à faire des choses qui nous n'aurions certainement pas fait dans la réalité. Ne pouvant plus de regarder un tel spectacle, je me retournai, dos à tout le monde. Je fermai les yeux un instant, écoutant les conversations de tout le monde. Chacun avait son point de vu, je n'avais pas réellement envie de me mêler à eux. Je vis Ty s'en aller, il n'avait pas l'air bien. J'eus envie de le suivre, mais il avait surement envie d'être seul. Je soupirai fortement, mon corps qui tremblait doucement, j'avais besoin de me détendre. Je pris mon sac, le mit sur mon épaule et je commençai à m'éloigner. « nous avons fait une erreur. »