DEUXIÈME SACRIFICE † 02/11.

MESSAGES : 78

Cette deuxième journée avait été sinistre... La plupart des joueurs étaient restés dans leur coin, hantés par leurs démons, se remémorant l'image de Billie se balançant dans le vide, morte. Son cadavre et celui de Campbell, retrouvée électrocutée dans la matinée, avaient été déplacés dans une pièce à part, là où se trouvait déjà le corps éventré de la jeune inconnue, quelque part où personne ne pourrait plus les voir. Certains, plus audacieux, s'étaient aventurés sur la surface de Fort MacArthur, faisant parfois face à des dangers auxquels ils ne s'attendaient pas... La faim commençait à les tirailler, ils savaient qu'ils ne tiendraient plus longtemps dans de telles conditions. Chacun guettait la tombée de la nuit avec nervosité. Ce soir encore, ils allaient devoir sacrifier l'un d'entre eux, ils en étaient surs. En effet, vers le milieu de l'après-midi, le même message que la veille fut diffusé à travers les enceintes des différents bâtiments du fort. « Le menteur doit mourir ». Aussitôt, le sang des vingt-et-un lapins restants s'était glacé dans leurs artères. Le loup, quant à lui, ressentait une excitation indescriptible, qu'il ne pouvait bien sûr par laisser paraître. Lorsque le ciel se fut parsemé de teintes oranges et roses, ils se réunirent tous pour la seconde fois près de la potence. Un débat s'amorça, pour tenter de démasquer le véritable coupable de ces deux odieux meurtres. « Hier, on s’est trompé, on pensait que c’était Billie parce qu’elle s’était beaucoup manifestée… Malheureusement… Enfin, je me dis que c’est peut-être l’inverse, peut-être que c’est quelqu’un qui reste dans l’ombre. » Le silence se fit. Tous les yeux semblèrent se fixer sur une seule et même personne...

« Peut-être, quelqu’un comme Millicent. »

Dès qu'elle entendit son nom, celle-ci tenta de s'enfuir, sachant pertinemment quel sort l'attendrait si elle restait assise. Malheureusement, elle n'en eut pas le temps... Des bras l’agrippèrent, la retenant prisonnière. Tous ensemble, animés d'une même volonté, ils la conduisirent en haut des escaliers en bois. Et le cauchemar recommença. Les mêmes cris, le même craquement sonore, la même vision d'un corps suspendu au-dessus du sol par une corde. Combien de temps cela allait-il durer ?

Chaque tombée de nuit était synonyme d'effroi, de peurs. Ce petit jeu allait il finir un jour ? Les grilles de l'entrée allaient-elles un jour se ré-ouvrirent aussi soudainement qu'elles ne s'étaient refermées ? Ce n'était pas pour ce soir, pas encore. Tous le comprirent lorsque l'affreux message résonna à nouveaux. Cette voix si stridente et le grésillement dans les hauts parleurs datant presque d'un demi siècle. Tous se rassemblèrent et se mirent à trembler (intérieurement ou extérieurement). Les instants qui allaient suivre étaient clairs pour tous. Leurs regards se croisèrent tous avec angoisse. Dans quelques heures tout au plus, l'un d'eux pendrait au bout d'un corde, mort. L'un d'eux passeraient de l'autre côté, enfer, paradis peu importe ... D'ailleurs si enfer il y avait, il y était depuis deux jours.

La sentence tomba : Millicent. Une fille encore ... Une jeune femme fauchée de la manière la plus brutale qui soit. La pauvre tenta de fuir, en vain. Aaron ne pu poser ses mains sur elle, non. Mais il n'aida pas non plus la pauvre condamnée. Argumenter semblait peine perdue. Cela n'avait jusqu'ici rien fait avancé du tout. Au contraire ... A s'en prendre aussi violemment les uns aux autres, ils n'en avaient que perdus plus d'énergie. Alors que Millicent pendait désormais au bout d'une corde défraîchie, la tête lâche et une chaussure au sol, tombée dans un dernier effort de se sortir des griffes de la potence, Aaron ne put souffler que ses mots : Reposes en paix et pardonnes nous ... Il n'y avait plus qu'à attendre ... Attendre que le ciel leur tombe sur la tête, encore une fois ...

C’était l’heure. Cet incroyable psychopathe les sonnait et eux, comme des chiens, accouraient vers la potence. C’était triste mais c’était ainsi. L’élection de Miss ou Mister pendaison allait avoir lieu et putain ça ne serait pas Maureen. C’est pourquoi, alors que le débat peinait à commencer, la demoiselle dit un prénom ainsi qu’une argumentation qu’elle pensait juste. Finalement, certains étaient contres mais la majorité fut d’accord. C’était donc la pauvre Millicent qui allait y passer. Marche ou crève, Maureen l’avait bien compris la veille et elle ferait donc ce que l’autre avait dit qu’il devait faire : pendre le loup. Elle espérait qu’ils aient eu raison. La jeune femme regardait Millicent tenter de fuir, en vain. Elle ne pouvait pas fuir bien longtemps si bien qu’après que certains l’ai rattrapé, ils la menèrent à la potence. Même si Maureen n’avait pas particulièrement aidé à cette tâche, il n’empêche qu’elle pensait que c’était Millicent, qu’elle méritait donc ce qui lui arrivait. Et puis, elle fut pendue. Comme Billie avant elle. La jeune femme noire me pu regarder la scène bien longtemps. Elle ne trouvait pas ce spectacle particulièrement attirant, elle voulait simplement que ce cauchemar s’arrête. Elle voulait retrouver sa famille, ses amis et son fiancé. Voilà ce dont elle rêvait en ce moment. C’est surement cette envie qui empêcha Maureen de vomir. Heureusement, paraitre vulnérable n’aurait rien arrangée à cette putain de situation de merde. Et puis, l’un des garçons brisa le silence. Il était prêtre lui ou quoi. C’était quoi ce discours à la con ? Ils venaient de pendre une fille, c’était pas pour dire ça après. Putain, ces conneries comme ça, ça avait le don de l’énerver. « Repose en paix ? Sérieusement ? Putain mec, ce serait déjà pas mal si elle pouvait reposer par terre, pour l’instant. » Non mais alors lui il devait franchement en tenir une bonne couche avec son discours de religieux débile. Millicent les aurait surement pardonnés si elle était encore vivante, là, ils bruleraient tous et c’était bien fait pour eux. Maureen également. « Incroyable. » Elle n’en revenait toujours pas de la stupidité de ce gars.

Journée éprouvante et la faim commençait sérieusement à la tirailler. Et une Agathe au ventre plein était encore plus désagréable que d’ordinaire. Le bruit sonore ou plutôt cri strident retentit dans toute la base. Premier réflexe d’Agathe fut de boucher ses oreilles, se recroqueviller pour attendre que ca passe. Seulement ce n’était certainement pas ainsi que cela se déroulait ici. La jeune femme soupira légèrement pour se donner de la force puis se leva. De toute façon, il n’y avait aucun moyen de les fuir. Puis, les traits de son visage se contractèrent, elle boucla son petit cœur dans derrière une barrière en métal, et Agathe aligna les pas jusque la potence, leur amie de bois. Agathe se tint néanmoins à une distance raisonnable de celle-ci, faut dire qu’un accident est vite arrivé et qu’elle n’accordait aucune confiance à ses ’camarades’. Nouveau débat, qui allaient-ils sacrifier ce soir, les prénoms fusaient d’entre les lèvres des joueurs, leur langue c’était considérablement déliée depuis la veille. A leur image, Agathe lança un prénom à la volée. Mais c’était celui de Millicent qui revint le plus souvent. « C’est qui celle là » dit la blonde, arquant un sourcil, son ton pouvant être perçu comme insolent mais elle s’en contre-fichait, comme d’habitude en somme, mais d’autant plus car maintenant qu’elle avait un nouveau sursis de 24h. A peine eut-elle le temps de demander, de se retourner pour zieuter l’assemblée, que d’autres s’étaient saisis de la jeune femme qui avait essayé de s’échapper. Naïve. Les prunelles d’Agathe revinrent vers la potence que le sol se dérobait sous les pieds de la blonde qui désormais était suspendue dans les airs. Il n’y avait plus que le vent pour faire virevolter sa longue chevelure blonde maintenant. Le bruit du cou brisé raisonnait encore dans sa boite crânienne. La blonde ne s’y ferait jamais. Puis un gars ouvrit la bouche, la belle roula des yeux. Maureen répondit, Agathe échappa un rire. La Barbie noire était drôle et Agathe avait besoin de rire, rire nerveux soit. Néanmoins, en plus d’être drôle, Maureen avait raison. Ainsi, Agathe tira une espèce de dague qu’elle avait trouvé lors de son exploration des souterrains. Et depuis l’épisode du serpent, la belle avait bien compris qu’il lui fallait un moyen de se défendre juste ‘au cas où’ comme dirait l‘autre, donc elle ne s’en séparait plus. La Danoise gravit les marches en bois et d’un coup sec elle trancha la corde. « Vœu exaucé » fit-elle à l’adresse de Maureen en passant à côté d’elle.

Il avait presque murmuré, il parlait plus pour lui même que pour l'assemblée. C'était sorti tout seul et s'il devait analyser ses dire : il n'y croyait même pas ! Sérieusement, s'il avait été le mec à crever ce soir, jamais il n'aurait pu trouver la paix. S'il le pouvait, il serait venu les hanter à vie, les torturer mentalement jusqu'à ce qu'ils en crève ! Tous !! Mais ce qui le rendait dingue, là tout de suite c'était cette gonzesse ... Maureen ! Lui qui aimait pourtant les emmerdeuses, dans ces conditions c'était juste ... hors de question. Il venait justement de se le dire, que ces embrouilles, ces disputes et cette salive gaspillée étaient des effets de force plus négatifs qu'autre chose. Il en avait ras le cul vraiment ! Alors pour la première fois, il éleva la voix, il se retourna vers la basanée et son regard noir planté dans le sien il dit : Ca te ferait mal de pour UNE fois, fermer ta grande gueule ! Putain !! Et c'était vrai ... elle n'arrêtait pas de la ramener et de faire chier son monde pour un oui ou un non. Elle jouait sur les mots alors que tous pouvaient lâcher leur dernier souffle d'une seconde à l'autre. Quelle conne !!! Il tourna les talons et s'éloigna de ce visage qui, ce soir, lui donnait presque plus envie de vomir que le corps pendu. Si la situation n'était pas aussi tendue et tellement dégueulasse, il aurait presque sourit lorsque la petite blonde vint narguer la brune en coupant sèchement la corde. Le bruit du corps qui s'écroula au sol le ramena rapidement à la réalité morbide. Elle en avait dans le pantalon la gamine ! C'était presque surréaliste ... Belle arme ... T'as trouvé ça où ? Je serais pas contre un AK 47 là tout de suite mais si t'as d'autre tranchant, je suis preneur. Les temps ne sont pas à pinailler pas vrai ?

Bien évidemment, le prêtre péta son câble, comme si c’était de la faute de Maureen s’il portait pour la première fois ses coui.les. Ca devait être nouveau pour lui, de les sentir. En tout cas, ce n’est pas parce que Monsieur avait décidé de répondre à la jeune femme que celle-ci s’en tiendrait à ça, c’était bien mal la connaitre. « Il t’arrive quoi là ? T’as enfin trouvé l’usage de la parole, bravo. Je fermerais ma gueule quand quelqu’un aura quelque chose de mieux à dire et crois moi mec, ce sera pas toi. Tu la tues et après tu veux faire une petite prière pour elle ? Sérieusement, assume un peu au lieu de me faire chier. » Sérieusement, il était comme ces autres baltringues qui ferment leur bouche au moment de savoir qui est le loup mais qui la ramène après. Pitoyable. « Remarque, pour une fois qu’on t’entend, amen mon frère. » Ironique, la jeune femme remercia ensuite Agathe pour avoir décroché la pauvre Millicent, en revanche, le bruit que cela avait provoqué était tout simplement dégueulasse. Ses os devaient être dans un sale état.

Agathe serra légèrement et surtout discrètement les dents lorsqu’elle entendit la masse inerte s’écrouler lourdement au sol. Bon, de toute façon c’est pas comme si elle pouvait sentir quelque chose désormais ou qu’elle aurait l’utilité de son corps. La blonde espérait maintenant qu’ils avaient raison et que la Millicent était belle et bien le loup. Sinon il lui faudrait être d’autant plus méfiante et plus que prudente cette nuit si elle ne voulait pas finir électrocutée voire même pire car il semblait que le loup ne manquait pas de ressources et allait crescendo dans les tortures qu’il infligeait. En effet, au début la crucifixion, ensuite l’électrocution. Quoique le débat restait ouvert sur laquelle de ces deux tortures étaient là pire. Bref, qui sait ce qu’il allait trouver cette fois ci. A cette pensée Agathe réprima un frisson de lui parcourir l’échine. Maureen la remercia, celle-ci répondit par un simple signe de tête, esquissant un maigre sourire. Puis, elle s’apprêta à quitter ce lieu, elle n’avait plus rien à y faire maintenant. Sauf qu’une voix l’interpella. Un homme, celui de tout à l’heure. Agathe se retourna pour lui faire face alors qu’il complimentait son arme et lui demandait où elle se l’était procurée, mieux encore si elle n’en avait pas une pour lui. La blonde échappa un léger rire moqueur, dévisageant le trentenaire. « C’est pas fait pour toi ce genre de choses. Continue plutôt de jouer les prêtres, ca te va mieux au teint. » railla-t-elle. Peut être lui aurait-elle fourni une réponse plus correct s’il n’avait essayé de s’en prendre à Maureen, qui savait bien se défendre c‘était un fait. Agathe l’aimait bien au fond. Bref, mais non, il fallait qu’elle joue la sale gosse. « En revanche, j’peux te trouver une croix ou un chapelet s’tu y tiens » ajouta-t-elle narquoise, un sourire moqueur accroché aux lèvres, avant de se détourner.

Fatigue, faim, connerie, chieuse. Le parfait mélange détonateur pas vrai. De toute façon, ils allaient tous crever, l'espoir était mince. Et si espoir il y avait, c'était clairement sans l'aide d'une personne comme Maureen qu'il le rechercherait. Alors autant se faire plaisir :: Hey j'tai rien demandé toi. S'il y a quelqu'un qui fait chier son monde ici c'est toi. Ma gueule ne te reviens pas ? T'aime pas ce que je dis ? Sérieux, j'en ai rien à foutre, si t'es pas assez mature pour laisser les gens vivre leur merde sans tes sous-titre de greluche, c'est que t'as un gros problème ma fille. Et je rajouterais juste que si t'avais jamais entendu le son de ma voix avant ce soir, c'est peut-être qu'il y avait une raison ... Ral le cul que tout le monde s'engueule tous les jours pour une situation qui visiblement ne changera pas de si tôt ! Mais les choses ne s'arrangaient pas. La blondasse en rajouta une couche, la gamine. Dingue quand il y pensait ... Ces jugements. Aaron se stoppa alors net. A parfaite hauteur entre Maureen et Agathe, il ne pu s'empêcher de laisser un petit rire presque mesquin s'échapper de ses lèvres. Il laissa glisser son regard tantôt sur l'une, tantôt sur l'autre. La définition même de l'idiotie sous ses propres yeux. Une phrase et vous en déduisez "prêtre" ... ? Il laissa quelques secondes s'écouler, son sourire toujours accroché aux lèvre. Qui sait ce qu'il était capable de faire avec un couteau ou plus ? Certainement pas ces filles dont l'intérêt se rapprochait du sol à chaque minutes qui passait. C'est bon à savoir ... Tu sais quoi ... Fais donc ça Tom Raider, trouve moi une croix et on va bien rire ... Il tourna alors les talons et s'éloigna. Elles voulaient jouer les fortes femmes, elles se débrouillerait avec la morte. Elles en seraient peut-être même carrément contentes vu leur ego sur-dimensionné mais surtout, mal placé.

» PREMIER SACRIFICE † 01/11.
» A L'AUBE DU DEUXIÈME JOUR † 02/11.

DEUXIÈME SACRIFICE † 02/11.

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