Il devait être aux alentours de seize heures, ou dix-sept… A vrai dire, Maureen n’en savait rien étant donné qu’elle n’avait plus de batterie dans son blackberry. Blackberry ô combien chéri et aimé qu’elle aurait voulut lancer sur une voie rapide si elle aurait pu tant elle était frustrée de ne plus pouvoir l’allumée. Enfin, si route et voitures il y avait. Il n’y avait pas. A vrai dire, il n’y avait rien. Les mains dans les poches de son short en jeans, Maureen ne faisait franchement rien, elle marchait ici ou là. Tellement, qu’elle arriva devant une ville. Non, pas de faux espoirs, elle avait entendu d’autres joueurs du Rabbit Doubt en parler, c’était une sorte de village abandonné, voir même une sorte de ville militaire, comme dans les films d’horreurs, genre La Colline a des yeux. Tant qu’elle ne voyait pas de mecs étranges et dégueulasses qui voulaient la violer, ça lui allait très bien. Intriguée, Maureen entra dans ce village et vit une maison standard, typiquement américaine et compagnie. Alors forcément, il y avait un panier de basket, accroché en haut de la porte de garage. Cool. Il lui fallait un ballon, merde. Du regard, la jeune femme noire observa par la fenêtre de la maison vide. Putain, y avait quelqu’un. Un mannequin, of course. Ca foutait quand même les jetons. Mais en tout cas, elle eut une idée… Après avoir déchiqueté la tête du papa-mannequin qui était dans le salon, Maureen ressortit sous le soleil qui faiblissait à peine et lança la tête dans le panier de basket. « Buuuuut ! » S’écria-t-elle en levant les mains en l’air, tandis que le ballon-tête-de-papa-mannequin roulait vers ses pieds. C’était un appel à être relancé ça !

Maureen était naturellement douée au basket et ces quatre ans d’entrainement n’étaient qu’un plus qu’elle s’était donnée dans sa période garçon manqué, lorsqu’elle était au lycée. C’était il y a une éternité, mais la demoiselle avait toujours ce talent. Ce don. Alors que le ballon d’infortune retournait voir son nouveau propriétaire, c'est-à-dire elle, quelqu’un se fit entendre. Une voix féminine, tournant la tête, Maureen aperçut Agathe, cette petite qu’il était difficile de ne pas détester, Maureen y arrivait pourtant assez bien. Le talent. Elle lui parla de respect, ce qui eu pour effet de faire sourire la jeune femme noire. Elle ramassait au même moment la tête de mannequin. « Pourquoi ? C’est ta sœur qu’a fait ça ? » Dit-elle en haussant un sourcil. Maureen aurait du respect sur les affaires des autres lorsqu’un psychopathe arrêterait de les tuer. « Une vraie tête aurait été franchement plus cool. Quoique, les oreilles auraient gâché l’effet. » Plaisanta-t-elle avant de lancer sur Agathe le ‘ballon’, de façon qu’elle puisse le récupérer et venir jouer avec elle. La petite blanche se mit alors à lui dire que Maureen aimait apparemment perdre son temps avec toutes ces choses inutiles. « Y a rien d’autre à faire ici, puis regarde mon vernis impeccable, j’appelle pas ça une perte de temps. » Elle pointa son majeur à l’adresse d’Agathe avant de poursuivre. « Allez Blondie, on sait que niveau maquillage c’est pas ton fort, alors montre moi ce que tu vaux dans ce domaine. » L’américaine n’avait rien contre Agathe, la preuve elle l’invitait à jouer.

Maureen ne pu retenir un gloussement. Parler de la mort de Billie dans ces conditions là, c’était étrange, mais en même temps, ça libérait la chose. Tout le monde pensait à cette mort, à la mort qui aurait lieu dans quelques heures et pourtant, l’espace d’un instant, Billie ne devenait qu’une blague, comme les blondes ou les génies. La poupée noire se doutait bien que si des spectateurs étaient passés par là, ils se seraient mis à hurler en disant qu’elles étaient complètement folles et qu’on ne riait pas de ces choses là, mais pourtant, qu’est-ce que ça faisait du bien de dédramatiser cette putain de situation étouffante. Agathe évoqua ensuite le scalpel. « C’est bête, on aurait pu demander à Campbell de nous aider. » Mais trop tard. Elle aussi était sur l’autre rive. RIP aux tarées. Barbie fut le surnom que Blondie attribua à l’américaine. C’était plus qu’un compliment ça. Même si sortant de la bouche de la petite ça devait être une moquerie, Maureen s’en contre-foutait parce qu’elle avait revendiquait très clairement ce côté-là, c’était toujours mieux que de revendiquer le fait qu’elle jouait au Rabbit Doubt, n’est-ce pas ? La provoquer marchait apparemment assez bien puisqu’Agathe finit par venir à sa rencontre et lança la fausse tête dans le panier. Elle venait de réussir son coup et s’en venta très clairement. « La chance du débutant, tu connais ? » Dit-elle, amusée. Finalement, le ballon improvisé revint vers les deux et Maureen l’attrapa avant de le relancer. Loupé. « Tu pratiques un sport en particulier ? » Ou pratiquait. Devaient-elles parlé d’elles au passé ? Ce serait tout aussi con que de parler de soi à la troisième personne du singulier. Pourtant, elles parlaient comme ça de Billie et Campbell, qui, la veille, étaient encore là. Putain, c’était effrayant. Finalement, Maureen préférait lancer des vannes sur elles plutôt que de vraiment penser à la situation.