Imaginez plusieurs des dizaines de personnes cohabiter dans une même pièce, tout ça supervisé par une discipline de fer. Telle était la vie au sein de Fort MacArthur. Fut un temps, un long temps ! Même si la plupart des soldats respectaient les règles au doigt et à l'oeil, il arrivait que certains cachent secrètement quelques objets personnels derrière leur oreiller... De cette époque, il ne reste que des lits rouillés et quelques matelas déplumés, vestiges d'un temps maintenant révolu. Les dortoirs sont sales et poussiéreux: à l'image de l'entièreté de l'endroit. Il respire aussi une histoire. On pourrait presque sentir des âmes y flotter. S'imaginer la vie passée n'était pas si compliqué bien que les lieux aient été fort dégradés. Aaron n'a que très peu fermé l'oeil. Depuis leur enfermement, c'est la garde. La baisser pourrait être fatale. Cela dit, la fatigue était là, une fatigue émotionnelle, épuisante, écrasante presque maladive, tout autant que leur peur constante. Si Aaron se dirigea vers les dortoirs en cette fin d'après midi c'était plus pour voir si l'appel du matelas serait plus fort ou pas ... Etrangement pas tant que ça. Les lieux ne lui inspiraient aucune confiance ... Trop grands, trop vide. Alors qu'il s'apprêtait à quitter l'immense pièce, son regard se stoppa net sur une silhouette. Elel était féminine et recroquevillée. Plus ou moins à l'écart. Il s'approcha, la peur au ventre : découvrir un autre mort aujourd'hui n'aurait pas été bon pour sa côte de popularité ! Par chance, il distingua clairement un soulèvement de poitrine. Une respiration ! Ouf ! Il s'agissait de Shauna, cette jeune femme avec qui il avait brièvement échangé ce matin. Elle avait réussi à s'assoupir. Hésitant, Aaron prit finalement place au pied du lit. Assis simplement, la tête contre le mur et les genoux repliés sur son torse. Elle était ici vulnérable. Il ne pouvait pas la laisser de la sorte. S'il repartait et qu'il lui arrivait quelque chose, il ne se le pardonnerait pas. Pour lui c'était le bon geste à faire, jouer les protecteur ne fut ce que pour quelques minutes. Maintenant, le tout était de ne pas tomber dans les bras de Morphée à son tour ... Ce serait con !

Aaron devait finalement s'être légèrement assoupi car lorsque la voix de Shauna vint claquer à se oreilles, il fut surpris. Il redressa automatiquement sa tête alors appuyée contre le mur et balaya la pièce du regard. Rien à l'horizon. Elle était bel et bien en vie et lui toujours au pied du lui, assis. Soulagement. Il souffla un grand coup et se passa une main sur le visage. S'il était là depuis longtemps ? Bonne question ! Il laissa glisser son regard sur sa montre et se racla la gorge avant d'articuler : Juste un plus de 17h. Ca doit faire 45 minutes que je suis là. Il posa alors enfin le regard sur le jeune femme et y détecta directement l'insécurité, ou du moins, le questionnement, l'hésitation. Hey relax ! Si je me suis posé ici c'est seulement pour ne pas te laisser pioncer seule au milieu de la maison des horreurs. C'est pas franchement la meilleure idée qui soit. Il se redressa quelques peu, allongea ses jambes qui étaient restées repliées contre sa poitrine tout ce temps et garda quelques secondes de silence avant de reprendre : On partage ? Aaron sorti alors une barre chocolatée de type Mars de sa poche. Un des trucs plus ou moins encore potable qu'ils avaient trouvé dans la chambre froide mortuaire.