Depuis deux jours ils étaient enfermés. Ca ne pouvait quand même pas durer éternellement cette histoire ! Après une nuit blanche, Maureen s’endormit quelques heures, juste histoire de récupérer assez de force pour tenir un jour. Tout le monde était sur le qui-vive, espérant que les portes allaient s’ouvrir, espérant ne pas se faire tuer pendant la nuit, comme Campbell la nuit d’avant. Voilà pourquoi la jeune femme dormait depuis la nuit dernière avec un couteau de cuisine. Juste par sureté. Mais elle se réveilla. Vivante, of course. C’était déjà pas mal. A travers les fenêtres franchement dégueulasses, elle eut le privilège de voir que le soleil se levait. Alors peut-être qu’ils seraient libres. Maureen dévala l’escalier en moins de deux afin de se retrouver dehors, l’air frais lui fouettant les joues. Les grilles étaient fermées, elle lâcha un juron. Ce n’était pas Millicent. Ce qui voulait dire que… non, valait encore mieux ne pas y penser. Voilà pourquoi, cela semblait plus judicieux d’aller se détendre, en faisant des paniers de basket par exemple. La veille, c’est ce qu’elle avait fait en compagnie d’Agathe, elle ferait surement ça tous les jours, histoire de décompressée un peu de la tension de la veille. Elle se retrouva donc bien vite dans le village fantôme, le village hantée par les mannequins et autres trucs inanimés. Son ballon improvisé était toujours là, cool. Elle le ramassa donc et après avoir lancé et marqué, Maureen alla chercher la balle qui venait d’atterrir devant une fenêtre de la maison voisine. Lorsqu’elle se releva, la tête de mannequin en main, elle vit une candidate qui la regardait, assise, au milieu des autres mannequins. Elle était malade ou quoi ? Maureen lui fit signe, rien. Chose étrange, elle ne cligna pas des yeux. Oh putaindesamère. Entrant dans la maison, elle vit la fille là… Machine, Truc. Bref, la meuf là ! Maureen s’approcha d’elle et posa sa main sur son épaule, la secouant légèrement. « Hey, ça va ? Je suis là, ça va ? » Pas vraiment, elle était morte. Oh mon dieu, elle avait pleuré. Putain, putain, putain. Maureen se mit à crier, elle venait de toucher cette fille morte. Cette fille qui avait souffert en mourant. Se reculant de quelques pas, elle heurta un mannequin. Sursautant, elle se retourna et se mit à frapper dessus, de toutes ses forces. Oh mon dieu.

Une nuit de plus, une nuit entre minutes de sommeil et veille attroce. Ils luttaient, tous, contre la fatigue. Le noir ici était presque complet la nuit. Ils étaient aussi vulnérable que de vulgaire rat dans un laboratoire. D'ailleurs c'était sûrement ce qu'il était pour une espèce de malade quelque part. Ils étaient surveillés, étudiés. Assis contre un mur sur un matelas à l'allure douteuse, la main d'Aaron n'avait pas bouger de cette batte de baseball qui devait dater des années 50. Il pouvait le reconnaître à cette forme de l'époque. Elle était en bois, ébréchée, sale. Ils l'avait trouvé dans les dortoirs entre deux matelas. C'est là qu'il reposa d'ailleurs lorsque les premiers rayons de soleil firent leur apparition. Faibles, comme si eux aussi étaient abattus par la situation. Aaron se frotta les yeux, renifla. Il avait attrapé la crève avec ses nuits glaciales. Il resta là quelques minutes, dans le silence, se racla la gorge et et se gratta derrière la nuque. Il s'étira peu à peu. Il voulait savoir, étaient-ils libre ? Mais d'un autre côté, il n'avait pas envie de ce précipiter ... La dernière fois, il était tombé nez à nez avec le corps sans vie de Campbell. Il désirait que cela s'arrête, ne se reproduise plus. Pourtant, des cris le sortirent plus rapidement de sa torpeur que prévu. Il se redressa rapidement, et se mit à courir à toute jambes vers la source des hurlements. Peut-être arriverait-il à temps cette fois. Et bon sang, s'il tombait sur quiconque en train de faire du mal à l'un des leurs, il allait en bouffer ses dents une par une ! Aaron déboula dans l'une des maisons témoins du village aux couleurs hantées. Le pantalon poussiéreux et la respiration haletante, il ne lui fallu que quelques seconde à peine pour comprendre que c'était trop tard, une fois de plus. Maureen était là ... clairement accablée, en pleine crise de rage. Il y avait de quoi. Dehors, hors contexte, Aaron aurait hésité. Il l'aurait peut-être même planté là, qu'elle se démerde. Mais ils n'étaient pas dehors, il n'était pas un monstre et quitte à se prendre un poing, Aaron s'approcha. Il la laissa se défouler un instant avant d'envelopper Maureen de ses bras lorsqu'elle sembla perdre de ses forces. Il la serra. Que dire ? Que ça allait aller ? C'était faux, qu'il ne fallait pas s'inquiéter ? Encore pire ! " Je vais m'en occuper ... je vais m'en occuper ... " Ils étaient jusqu'à présents toujours seuls et elle n'était clairement pas en état. C'était dans ses tripes, l'instincts de protection. Il avait trois grands frères, avait grandit dans une tribu. Fallait souvent foutre son orgueil de côté pour faire ce qui devait être "juste" quitte à ce que les autres ne comprennent pas toujours. Cela dit, il espérait sincèrement éviter une scène, là tout de suite. Ils avaient tous envie d'être ailleurs, de retrouver leurs familles, leurs amis, leurs vies

Elle ne su trop comment, mais Maureen se retrouva encerclée. Elle poussa alors ces bras qui tentaient apparemment de la maitriser, mais bien vite, elle ne résistait plus et posait son front sur le pull du garçon. Voir cette fille dans cet état, c’était… Inattendu. C’était monstrueux. Inhumain. La jeune femme noire tenta de se contenir, de reprendre ses esprits, d’oublier ce passage et de reprendre le bouclier qui l’habitait depuis qu’elle était ici, depuis que tous les soirs, elle disait un nom qui ferait tué quelqu’un. Mais là, le visage, ce n’était pas pareil. Dans ces conditions là, valait encore mieux mourir pendu plutôt que comme ce que la gamine avait du subir. Cette gamine, putain ! Choisir entre la peste et le cholera, voilà tout ce dont Maureen pensait en ce moment même. Dans les deux cas, ils seraient tous condamnés. Tous sauf un putain de malade qui devait bien rire en ce moment. Pendant ce temps là, la demoiselle de Louisiane releva la tête afin de voir à qui appartenait le corps contre lequel elle s’était rapprochée. C’était le prêtre. Il lui marmonna qu’il allait s’en occuper. Elle ne savait pas exactement de quoi il parlait mais hocha la tête et s’écarta un peu de lui. D’un revers de la main, elle se frotta les yeux, histoire de paraitre plus… Ou moins… Qu’importe. Agathe entra ensuite dans la maison. Comme une maison de poupée, n’est-ce pas ? Le loup avait un sens de l’humour de merde, à moins que ce ne soit qu’un hasard. Dans tous les cas, il était fou. Bref, Blondie parla de sexisme mais surtout, elle fit fermer les yeux à cette gosse avant de partir. Heureusement. « Je, je peux pas là. » Murmura-t-elle avant de sortir à son tour de la pièce.