la mort en rit encore.
31/10, 22h49
featuring Nash.

Agathe en avait rapidement eu marre de regarder Mère Théresa jouer les médecins légistes, sans compter que le cadavre était déjà assez dégueulasse comme ils l’avaient trouvé, pas besoin de le charcuter d’autant plus. Ou l’odeur, plutôt puanteur, qui s’émanait du corps en décomposition. En effet, plus les heures passaient et plus la fétidité devenait insoutenable. Pourtant Agathe avait tout fait pour premièrement empêcher l’autre folle de remuer les entrailles de la morte, deuxièmement pour pallier à l’odeur en se cachant le nez sous son épaisse écharpe. La belle soupira avant de se retourner vers le brun à qui elle avait et tenait toujours la main durant ce sinistre spectacle. « J’bouge. J’compte pas finir comme l’autre ou rester avec ces barges. » lui annonça-t-elle en se levant. « Tu viens ? » proposa-t-elle en rivant son regard dans celui du jeune homme. « Sache que j’te rend pas ta veste » ajouta-t-elle en souriant, lui décochant un clin d’œil mutin, avant d’aligner les pas l’un devant l’autre, s’éloignant des autres personnes et de l’équipe de médecins légistes qui pratiquaient une autopsie sur un corps qui était loin d’en avoir besoin. « Bande de cinglés, j'vous jure.. » souffla-t-elle en secouant la tête exaspérée, s’enfonçant dans l’obscurité au même titre qu'elle enfonça ses mains dans les poches de la veste de Nash, ne sachant trop où aller au final. Néanmoins une chose était sure: si elle tenait à se tirer il fallait qu’elle le fasse vite. Après plusieurs minutes de marche, Agathe se figea, arrivant devant une chose qui lui glaça le sang. Délire. Cauchemar. Une... « potence… » murmura-t-elle les yeux écarquillés.

Agathe sourit lorsqu’elle l’entendit dire que s’il fallait, il la lui prendrait de force. Soit. Après quoi, le ton agressif du jeune homme lui parvint aux oreilles, cela ne lui fit ni chaud ni froid. Faut dire qu’après avoir vu les gens paniquer, hurler, s’évanouir, se sentir médecin légiste et compagnie, plus rien ne pouvait l’atteindre à présent. Pas même le ton, qui au final révélait la panique intérieure du jeune homme. Agathe, prête à répondre, fut coupée dans son élan lorsqu’elle aperçut la potence. Aussitôt, ou plutôt, dès qu’elle put détourner le gars, elle fit face au jeune homme. « Écoute Nash, j’en ai strictement rien à foutre du cadavre de la meuf morte, je ne la connaissais pas, ca me passe complètement au dessus. Je me fous tout autant de la bande de gens qu’on a laissé derrière nous, de ce qu‘il font, veulent faire ou de ce qu‘il va leur arriver.. » débita-t-elle, son cœur battant contre sa poitrine alors que son sang affluait à ses oreilles. La vue de la potence lui avait fait ouvrir les yeux. Et, la réalité qui s’imposait à elle la gifla violemment. « Ce qui m’importe c’est de me barrer d’ici, maintenant » dit-elle la gorge nouée alors que ses yeux accrochèrent l’instrument de supplice. « …et au plus vite » ajouta-t-elle imperceptiblement, sa boule dans la gorge se resserrant alors qu'inconsciemment se doigt se saisirent de la main du jeune homme. (…) Quelques infimes minutes filèrent alors qu’elle se perdit dans ses pensées, tentant de se ressaisir, la voix du jeune homme à ses côtés la ramenant à elle. « Je crois que c’est à égalité avec la guillotine si tu veux mon avis. » marmonna-t-elle également encore sous le "choc" de leur trouvaille.

Agathe avait dit ce qu’elle pensait, elle n’était pas de ceux qui étaient hypocrites au moins. Loin de là. Ensuite, ca plaisait ou pas. Néanmoins, la demoiselle s’en fichait. Après, dans ce cas là, précisément, la peur guidait aussi ses paroles, ses pensées, paralysait perversement le bon fonctionnement de son cerveau, donc pour ce qui était de juger de la véracité de ses paroles précédentes ce serait une autre paire de manche. Mais soit, c’était dit et c’était surement son premier ressenti. Après quoi le jeune homme échappa une simple phrase. Avait-elle pour but de la faire culpabiliser ? Si c’était le cas ca ne marchait pas. Et, la Danoise se contenta d’hausser les épaules. Il pouvait penser ce qu’il voulait, il n’allait pas lui faire croire qu’il se sacrifierait pour des inconnus ou qu’il était doué de bons sentiments aux tendances altruistes aigues. Ce n’était même pas du courage mais de la stupidité. On parlait de vie et de mort là. C’était plus que sérieux. Et, ils n’étaient pas dans un film, il n’y avait pas de héros, personne ne viendrait les sauver. Il étaient pris au piège. De ce côté-là Agathe était réaliste, et chacune des personnes qui étaient ici au même titre qu’eux feraient passer leur petite personne avant tout le reste, si ce n‘est qu‘elles seraient prêtes à en sacrifier pour rester vivant. Oui, Agathe ne croyait plus en la bonté humaine. Et pour elle chacun adopterait une attitude individualiste plutôt que solidaire. Soit. « J’suis pas dans un film, j’vais pas me la jouer héroïne » dit-elle simplement avec sincérité. « Et, j’pense pas que toi aussi » ajouta-t-elle quelque peu timidement. Elle ne voulait pas avoir l’air de prétendre savoir ce qu’il ferait ou qui il était. Cependant, de nombreuses expériences par l’histoire ont montré que l’être humain était lâche. Bref. (…)
« On a pas la même définition de ce qui est classe… » souffla-t-elle les yeux toujours rivés vers la potence, quelque peu hébétée même par sa réponse. Classe. Sur ce plan là, mourir naturellement était classe, en revanche, la guillotine, la chaise électrique, la potence et compagnie c’était dégradant car ca impliquait que quelqu’un donne la mort à un autre. Or, qui pouvait prétendre à ces aspirations là ? Personne, en effet. Puis, la belle sentit son regard se poser sur elle, celle-ci ne réagit pas pour autant, quelques secondes filèrent avant qu’il ne lui demande si elle avait peur. « Non » répondit-elle spontanément, catégorique même, avant de vriller son regard vers le sien. « Qu’est-ce que ca change de toute façon ? » dit-elle ensuite laissant transparaitre la vérité. « Oui » finit-elle par avouer, dans un souffle presque imperceptible en baissant les yeux un court instant avant de soupirer. « Et toi ? » demanda-t-elle plantant ses prunelles azur dans les siennes.