« Ton voyage fut plus ou moins long, plus ou moins éprouvant, mais te voilà. D'où je suis, je ne peux lire l'expression sur ton visage, mais je peux parfaitement l'imaginer. Peut-être ton regard balaie-t-il suspicieusement l'endroit, sous tes sourcils froncés, coincé sur la grand route, derrière la grille qui te barre l'accès au bâtiment. Ou peut-être détailles-tu avec enthousiasme la prestance de cet ancien fort. Mais cela importe peu. Tout ce que je sais, et tout ce qui importe, c'est que tu es dès à présent en mon pouvoir. » Un sourire germa sur ses lèvres. C'était maintenant. C'était le grand jour, le grand soir. Il affichait une totale assurance, dans la petite pièce sombre, pourtant le bout de ses doigts ne cessait de trembloter d'excitation. Se levant de l'unique chaise présente dans la salle, il s'avança vers un tas de dossiers, fardes et papiers, et s'empara du premier dossier de la pile. Une soudaine envie de relire une dernière fois la liste. Il avait fait les choses correctement, parfaitement, minutieusement. Tout était dans cet unique dossier. Tous étaient dans cet unique dossier. Se rasseyant en silence, il ouvrit lentement la cage aux lapins...



INDICATIONS HJ: Vous êtes donc partis de chez vous en direction du Fort MacArthur, où vous savez que vous devez retrouver les autres joueurs. En arrivant, vous vous retrouvez face à une grande grille de métal rouillé, fermée par un mécanisme. Vous devez donc attendre que l'on vous ouvre, et pour cela, tous les joueurs sélectionnés doivent être présents - par cela, nous entendons que chaque candidat doit avoir été présenté, tant pis si l'un ou l'autre n'a pas posté. À partir du moment où vous êtes officiellement annoncé comme sélectionnés, vous devez décrire votre arrivée devant la grillée, l'attente des autres, etc.
Ce sujet est pour l'instant le seul jouable. Dès demain matin, vous aurez le loisir de poster vos sujets.
/!\ Prêter bien attention à toutes les interventions du Maître du Jeu.

C’était la première fois qu’elle quittait l’Iowa et LJ était toute excitée à cette idée. Elle n’arrêtait pas de faire des oh et des ah tout le long du chemin ce qui commençait à exaspérer ses voisins. Elle ne le remarqua pas et continua ses exclamations dès que le car prenait un tournant et découvrait une nouvelle route. Elle ne savait pas combien de temps durerait le trajet mais au final, ce fut assez rapide étant donné qu’elle fit la conversation à tous ses voisins. Elle avait bien mit quatre heures à s’habiller la veille mais elle avait finalement opté pour un jean légèrement moulant, un débardeur blanc, une veste bleu marine et un cardigan noir, tout simple. C’est pourquoi lorsqu’elle arriva finalement à destination et descendit du bus qu’elle avait adopté ces dernières vingt-quatre heures, elle n’avait pas spécialement froid. Pour autant, l’ambiance du lieu lui donna de légers frissons. « Et beh. On se croirait presque à l’abattoir ! » Elle rit légèrement de sa blague avant de s’avancer vers l’énorme grille en fer qui semblait être la seule entrée. Il n’y avait aucune poignée, elle essaya donc de tirer les barreaux vers elle, de les pousser mais rien à faire, cela ne voulait pas s’ouvrir. « Eh oh, je suis là, ne m’oubliez pas ! » Elle s’acharna un peu plus dessus avant de se rendre compte qu’elle n’était pas seule et donc qu’ils n’avaient pas commencé sans elle. S’approchant d’une jeune femme, elle lui fit une bise sur chaque joue avant de débiter d’un ton qui se sentait surexcité. « Bonjour, moi c’est LJ. Ca fout les jetons un peu ici, tu trouves pas ! Enfin c’est pas très joyeux. Heureusement, quand on y sera ce sera un peu mieux. Qu’est ce qu’on va s’amuser. C’est quoi ton prénom ? Tu viens d’où ? »

Maureen était enfin arrivée au fort indiqué sur l’invitation qu’elle avait reçue quelques jours plus tôt. Ca allait être une vraie tuerie ! Avant de sortir de sa voiture, la demoiselle s’observa un instant dans le miroir. Quelques cernes gâchaient son beau visage, une couche de peinture cacherait bien cela, après tout, il fallait être convenable pour rencontrer les autres joueurs de Rabbit Doubt. Ah, ça allait être génial, du moins elle l’espérait. D’accord elle avait un peu la trouille, peut-être qu’elle avait battu certains joueurs présents sans le savoir, peut-être que c’était eux qui avaient fait mourir son lapin quelques fois. L’excitation lui faisait penser à n’importe quoi, mais en tout cas, son gloss était très bien posé, c’était déjà ça. Finalement, elle sortie de sa voiture et fit quelques pas en direction de l’entrée du fort. Il y avait quelques personnes, presque personne encore. Maureen afficha son meilleur sourire et se mêla à la petite assemblée. « Bonjouuur ! » Dit-elle d’un ton amical et enjoué. Elle observa ensuite les grilles fermées. « Ca ferait presque froid dans le dos. » Marmonna-t-elle pour elle-même. Bon allez, que les autres se ramènent. En espérant qu’ils puissent faire une sorte de jeux de rôle. Ce serait tellement cool ! Finalement, une jeune femme vint lui faire la bise. « Salut ! J'suis Maureen, je viens de Louisiane et toi ? » Une autre fan de RD, en vrai !

Done. Fait. Le jeu était lancé, plus aucune chance de reculer. Direction Fort MacArthur, pour le meilleur comme pour le pire. Surtout le pire. La route paraissait longue mais l'excitation battait son plein dans le flux sanguin de Raisa. Jamais elle n'avait été aussi impatiente et aussi anxieuse, l'adrénaline montait de plus en plus, au fur et à mesure des kilomètres qu'elle parcourait. Cette dernière retomba d'un coup lorsqu'elle eut l'image de son petit frère et de sa petite soeur en tête. Restés à la maison, sous la surveillance d'une nounou mal payée mais qui adorait ces deux boules d'énergie. Raisa se rendit alors de l’égoïsme dont elle avait fait preuve et n'en fut pas fière. Mais elle avait choisi, choisi de quitter cette vie qui la lassait tant et choisi de commencer cette aventure des plus hors du commun. Toute cette excitation, ce sentiment d'inconnu la rendait ivre d'une joie indescriptible. Elle avait envie de jouer, oui c'était cela, de jouer. Joueur avec le feu, jouer le jeu, coûte que coûte. Et pour une fois dans sa vie, n'avoir aucune limite. Elle apercevait désormais le fort au loin alors qu'elle traversait une région aride et une fois arrivée sur place bondit jusqu'à une grande grille rouillée et verrouillée. Un certain groupe de personnes était déjà en attente devant l'immense oeuvre de métal. Raisa sautillait sur place tellement elle avait soif de jeu. « Bonjour la compagnie, vous pouvez m'appeler Raisa » lança-t-elle au petit groupe déjà réuni d'un grand sourire quelque peu forcé. La brunette n'arrêtait pas de tournicoter ses doigts dans ses mains, signe de stress carrément flagrant. « Eh bien quoi, on doit attendre combien de temps pour ce que ce monstre de fer s'ouvre ? » demanda-t-elle à la cantonade avec un sourire des plus crispés.

Nenad avait passé quelques jours dans sa ville natale avant de rejoindre l'endroit où lui avait donné rendez-vous, une semaine plus tôt, un mystérieux inconnu dont il n'avait toujours pas deviné l'identité. Un sac suffisamment grand mais compact pour contenir le minimum nécessaire à ses besoins, l'autrichien avait enchainé trajet en avion et périple en bus avant de finalement trouver un taxi capable de l'emmener jusqu'au fort MacArthur, isolé en plein désert. « Ça fera cinquante six dollars. » Nenad se pencha sur la portière du conducteur avant de lui tendre un billet de cinquante et un billet de vingt, fraichement tirés au dernier distributeur qu'il avait croisé sur sa route. Le chauffeur s'empressa, monnaie en main, d'accélérer sous les yeux ahuris du jeune homme qui ne put qu'envoyer avec toute la force dont il pouvait faire preuve, son sac sur le coffre du véhicule. Ce dernier s'éloigna dans la poussière du désert, avant de disparaitre définitivement. Nenad soupira, vexé, et fit quelques pas afin de récupérer son bien avant de le hisser sur son épaule. esquissant un tour sur lui-même, il aperçut le dit fort à une centaine de mètres, et ne tarda pas à le rejoindre. Un comité restreint de joueurs était réuni face aux grilles de l'endroit, plutôt glauque, et le brun réalisa l'ampleur du mystère planant autour de cette invitation. Il s'avança vers une petite dame aux cheveux roses, d'à peine vingt ans tout au plus, et déposa sa main sur son épaule frêle. « Je suis le seul à avoir l'impression de m'être trompé d'endroit ou.. ? Je m'appelle Nenad. »

Ce n’est qu’en s’écartant de la jeune femme qu’elle remarqua la frange qu’elle arborait. LJ était carrément fan des franges mais son coiffeur ne cessait de lui répéter qu’elle n’avait pas un visage asy quelque chose et donc que ce ne serait pas joli sur elle. Alors elle se contentait de baver devant celles des autres. « J’adore ta frange. » C’était la première chose qu’elle lui sortit avant même d’écouter sa réponse. Maureen donc, il fallait qu’elle retienne. Elle n’y arriverait jamais mais elle pouvait toujours essayer. « Heureusement que tu ne t’appelles pas Louisiane. T’imagines, bonjour je m’appelle Louisiane, je viens de Louisiane. » La blondinette rit avant de comprendre que sa blague ne pouvait pas forcément fonctionner sur Marine. Ou quelque chose comme ça. « Enfin, je dis ça parce qu’une de mes voisines s’appelle Louisiane. » Cette dernière avait un métier pas très catholique, elle dansait toute nue tous les soirs mais elle était gentille, et faisait un gratin de pate à se damner. « Moi je viens de l’Illinois. Ottawa plus précisément. Si t’as regardé Prison Break ils sont passés là bas. C’était trop cool cette série, il y en a qui sont vraiment intelligent. » Elle soupira légèrement en repensant au héros très canon et surtout à son frère super musclé avant de regarder autour d’elle, constatant de nouveaux arrivants. « Regarde, il y a des nouveaux ! » Une petite blonde s’approcha d’elles et LJ lui fit la bise. « Bienvenue. T’es toute mignonne, on dirait un petit lutin. » Elle avait envie d’ébouriffer ses cheveux mais s’abstint, elle savait ce que c’était que de passer trois heures à se les coiffer. Elle ne releva pas l’histoire du monstre de fer, n’ayant pas réellement aperçu de monstre pour le moment. Elles étaient surement arrivées par différents chemins.

Un soupir. Et puis un autre. Ce chauffeur de taxi devait être l’homme le plus patient de toute cette terre pour m’avoir supporté tout au long du trajet entre New York et ce fort mystérieux où l’on nous avait donné rendez-vous. Mais bon, vu la somme d’argent que je lui avais donné, il n’avait pas intérêt à se plaindre. Pas une miette. J’en avais marre, j’avais hâte – ou pas – d’arriver à destination et de me lever de ce banc de cuir inconfortable qui me collait aux cuisses. Le taxi s’arrêta devant une grille où une multitude de personnes faisait du piquet, visiblement, c’était ici le lieu de rendez-vous. Jetant quelques billets supplémentaires au chauffeur en guise de remerciement, j’attrapais d’une main mon sac de voyage, puis sorti de la voiture, qui ne mit que quelques secondes avant de faire demi-tour et quitter les lieux. « Pff, crétin. » lachais-je à l’attention du conducteur, qui, bien entendu, n’entendit rien. Sans grand intérêt, j’allais rejoindre le groupe qui s’était créé, les scrutant les uns après les autres sans émettre le moindre commentaire – même si, dans ma tête, je me faisais déjà plusieurs idées sur leur compte. À nouveau, je soupirais. Je regrettais déjà d’avoir accepté de participer à ce jeu, et mon pressentiment semblait être le bon. Par pure politesse, je me présentais aux autres, même si l'envie de jouer les indépendantes m'étaient passé par la tête. « Millicent. » Simple, efficace. « On est coincé ici, je suppose? »

Andy sortit de la voiture, claquant violemment la porte sans réellement s’en rendre compte. Elle était plus excitée qu’elle n’avait voulu l’admettre. Sa maladresse était en train de se réveiller, signe de l’excitation omniprésente depuis son départ de New-York. Elle regarda le taxi s’éloigner avant de se tourner vers la grille qui lui faisait face. Elle ne s’était pas imaginée les lieux de cette façon. Elle ne s’était d’ailleurs rien imaginée du tout. Partir vers l’inconnu ne lui avait pas fait peur, mais maintenant qu’elle se retrouvait ici, elle était en train de douter de ses pensées. Elle n’aurait pas du venir. Elle fit quelques pas en avant pour s’approcher un peu plus du portail. Regardant autour d’elle et se forçant à ne pas sortir son portable pour rappeler un taxi. Elle allait tenir jusqu’à l’ouverture des grilles, elle pouvait bien le faire. Elle n’avait pas passé des heures à jouer à ce jeu, pour au final, se défiler à la dernière minute. Andy attrapa la grille entre ses mains et regarda à travers, essayant tant bien que mal de faire taire son stress. Elle n'avait plus l’habitude de ressentir de tels sentiments derrière la caisse de son supermarché. Quand elle travaillait, elle ne risquait pas grand chose. Elle savait que Jack, le gardien, était là pour veiller sur elle en cas de problème. Mais ici, elle ne connaissait personne. Elle était livrée à elle-même. Elle ne connaissait pas les lieux et savait qu’une fois ces minutes passées, elle allait se sentir idiote d’avoir eu ce genre de pensées. Tout ce qu’elle avait à faire pour l’instant, c’était attendre. Elle tourna la tête vers le petit groupe à côté d’elle et soupira. « J’espère que la grille s'ouvrira vite, » dit-elle avec appréhension. « Moi c'est Andy. » Elle reporta son regard à travers le portail. « Vous croyez que ça va réellement se passer ici ? »

Plutôt que de préférer le chemin le plus court, Billie avait savamment parcouru la moitié des sentiers de la région avant d'arriver à bon port. Il n'avait été question que de tristes paysages sans la moindre beauté, d'insipides tableaux sans aucune valeur, et qui n'avaient le goût que d'être récurrents, puis constants. Au volant d'une vieille mécanique qu'on eut cru sorti d'une ancienne projection d'il y a un demi siècle, elle s'engagea finalement sur le dernier sentier capable de l'accueillir. Après une errance de plusieurs jours en ces endroits stériles, elle s'extirpa péniblement de la carcasse pour découvrir un lieu tout aussi glauque à souhaits. Elle resta de marbre peut-être... cinq, ou dix minutes, fumant deux clopes, en roulant une de plus avant de l'écraser sans l'avoir allumée. Ce qui avait paru l'exciter pendant plusieurs heures la laissait finalement cruelle d'indifférence. « Oui, bon... » Elle bailla un moment, consternée par son propre manque d'intérêt. Une nouvelle cigarette fût portée à ses lèvres, puis elle daigna enfin avancer vers les autres. Ils se parlaient, se scrutaient, et s'interrogeaient ensemble sur cette minable introduction. Cette dernière impression ne devait provenir que de Billie elle-même, cependant. « Ça me rappelle un film, lança-t-elle probablement pour elle-même. » Elle parlait d'une pauvre bande d'une heure et demi sur les délires expérimento-carcérals d'un grand malade avide de scénario creux. Ce qui n'égaya pas particulièrement son enthousiasme inexistant. Elle aurait bien le temps de s'enthousiasmer plus tard... mais guère pour de si petites choses.

Durant les nombreuses heures qu'il venait de passer dans l'avion puis dans le taxi, Nash avait eut largement le temps d'imaginer, encore et encore, ce qui l'attendait. Car au fond, il n'en avait tout bonnement aucune idée. Une partie de Rabbit Doubt, d'accord. Mais où ? Comment ? Avec qui ? Pendant combien de temps ? Mille et unes questions lui avaient traversé l'esprit mais aucune réponse ne s'était imposée et le peu d'idées qu'il avait eut ne lui semblaient pas logique. D'ailleurs, la situation en elle-même n'était pas logique. C'était quoi cette invitation trop bizarre ? Es-tu prêt ? D'habitude, les grands événements, on les voyait arriver à grand renfort de pubs, invitations, ragots, et tout. Là, il avait beau en avoir parler autour de lui, personne n'avait su lui donner des indications. Soudain, le taxi s'arrêta. Fronçant les sourcils, Nash redressa la tête. « Je ne vais pas plus loin. » Il était sérieux ? Putain, depuis quand les chauffeurs de taxis avaient le droit de faire les difficiles ? Impassible, le garçon sortit de la voiture, lui balança l'argent qu'il avait dans la poche dans la figure, et se retourna. Il lui restait quelques cent mètres à faire pour arriver au fort. Une main dans la poche, l'autre sur l'épaule, deux doigts retenant son sac qui pendant dans son dos, il se mit à marcher. Rapidement, il arriva devant une petite foule de personnes qui semblaient attendre il ne savait quoi. Enfin si, il le savait. La partie. Mais qu'est-ce qu'ils foutaient tous là, à attendre, comme des crétins ? La réponse lui apparut vite. La grille était fermée. Des commentaires et réflexions lui parvenaient aux oreilles. Hm. « Vous savez combien de personnes doivent encore arriver ? » jeta-t-il en soupirant à demi. Il ne fit même pas de commentaire sur ceux qui relevaient la bizarrerie des lieux. Ils n'avaient rien compris au jeu, ou quoi ? Rabbit Doubt, c'était la trouille, c'était le dark. Avec tout ça, il ne prit même pas la peine de se présenter.

Ca y est. Ezra venait de se lancer dans ce qui était sans doute l'une des plus grandes aventures de sa courte vie. Faut dire qu'il n'a jamais eu une vie vraiment faite de rebondissement le Ezra. Et ça ne le dérangeait pas plus que ça, mais devant ce message mystérieux il se dit qu'il était peut être temps de commencer à s'amuser un peu. Il avait prit le train pour rejoindre l'adresse qui lui avait été donné. Durant le trajet il ne lâcha pas un mot, restant dans son coin, ses écouteurs dans les oreilles. Le trajet, avait semblé interminable pour le jeune homme tant il était pressé et anxieux de découvrir ce qui se cachait derrière tant de mystère. Une partie avec d'autres joueurs en face à face bien sur, mais il sentait qu'il y avait aussi quelque chose d'autre. Une fois le trajet terminé, il se retrouva devant une grande grille métallique ou se trouvait déjà d'autre joueur. L'endroit était loin d'être rassurant et le jeune homme avait la boule au ventre, lui qui n'était pas des plus à l'aise en groupe. Il essuya la sueur qui commençait à couler de son front et marmonna un léger "Bonjour...". Les mains dans les poches de sa veste il s'écarta quelque peu du groupe et s'adossa contre un mur.

C'était aujourd'hui. Je l'avais attendue, depuis le moment ou j'avais ouvert cette foutu lettre. Les jours s'étaient écroulés et l'impatience m'avait gagné. Je ne savais réellement quoi penser de tout cela. C'était excitant, il n'y avait aucun doute là-dessus. Je n'avais pas peur. Ok, peut-être un peu. Tout cela pour dire que c'était aujourd'hui. J'avais fait le trajet d'Huntington Beach à ici sur le pouce. Croyez-moi, ce n'était peut-être pas l'idée la plus brillante du siècle. J'ai presque passé proche de me faire violer par un des chauffeurs. Je soupçonne qu'il avait bu. Un autre était sympathique par contre. Nous avons fumé un gros pétard ensemble, histoire de me détendre un peu. L'important c'est que je sois arrivé ici en vie. Je n'étais pas la première présente. D'autres jeunes gens, tous dans la vingtaine environ se tenaient devant une grille imposante, quelque peu glauque. « yo… » fut le seul mot qui sortie de ma bouche devant tant d'inconnu. Je leur fis un sourire gênée, mes yeux rougis par la marijuana. Puis un grand homme, séduisant, vint m'adresser la parole. « je suis la seule à être complètement défoncée où… ?!» lui répondis-je alors, faisant abstraction à sa question. Un sourire niais se dessina sur mon visage, me rendant compte à quel point je devais paraître idiote. « Moi c'est Emma. Et j'ai envie de me pisser dessus tellement j'ai peur en ce moment. » Ce n'était pas dit avec grande classe. Et alors ?!

Lorsque Aaron avait reçu son invitation personnelle, il s'apprêtait à plier bagage pour quelques jours de congés. Vous savez le break d'hiver des séries, cette affreuse période où les fans se mangent les poings impatients alors que le staff - comme lui - et les acteurs, eux soufflent enfin et se prélassent !! Ses scripts étaient bien au chaud, la prod avait ce qu'il fallait et lui n'avait plus qu'à profiter de sa famille, ses amis jusqu'aux fêtes. Enfin avant tout ça, il ferait un petit détour par Fort MacArthur, où il était presque certain de tomber sur Rick. Rick c'était le mec avait qui il se marrait au boulot, le mec qui l'avait initié à Rabbit Doubt et surtout le mec assez con pour vous faire des blagues de ce genre. Enfin "con" Non, Rick c'était un pote et il avait toujours l'art de surprendre son entourage avec classe. Au volant de son petit bolide, Aaron roula au delà des limitations de vitesse. Il atteint rapidement le désert et s'en donna d'autant plus à coeur joie. Arrivé à destination, c'est dans un nuage de poussière sèche qu'il stoppa sa voiture brusquement. Il prit quelques secondes pour sortir et plus encore pour rejoindre la grille d'entrée. Clés de bagnole en mains, qu'il faisait tourner autour de ses doigts, son visage se marqua de surprise. Attend là ... C'était quoi ce rassemblement ? Ce n'était donc pas une blague ? Il y avait bel et bien une partie inter-joueur organisée en live ?? Ca ne lui avait même pas traversé l'esprit. Il fit quelques pas de plus nonchalamment. Il scruta les autres personnes présentes (tiens : des filles mignonnes, il allait attendre encore un peu avant de détaler)? Toujours pas de Rick ... Comment diable avait-on pu le contacter. Il prit alors la parole s'adressant un peu à tout le monde : Hey ... heu salut. Vous êtes tous là pour une partie de Rabbit Doubt ? Sérieux ? Il y a t il quelqu'un qui connaisse Rick ici ? Personne ? Non ? Aaron se passa une main dans les cheveux. Il était sincèrement curieux : déformation professionnelle. Il décida donc de rester encore un peu. Après tout, au pire, si c'était de la grosse connerie, il aurait sûrement puisé un peu d'inspiration à gauche et à droite et il s'en irait vite fait.

« Merci ! » Répondit Maureen tout en touchant sa frange, comme par automatisme. A vrai dire, la coiffure de Maureen variait très souvent, elle n’hésitait pas à changer de tête du tout au tout, si bien que parfois, on ne la reconnaissait pas dans la rue. Enfin bref, LJ commença à parler de sa voisine avant de parler de prison. Alors quoi ? Parce que Maureen était noire, elle devait regarder une série qui se passait dans une prison ? HEIN ! « C’est pas trop mon style, les séries sur les prisons. Par contre LJ aurait pu faire un magnifique prénom de prisonnier, n’est-ce pas ? » Un sourire amusé et les deux jeunes femmes observèrent les nouveaux qui s’entassaient devant les grilles de fer. L’un d’eux se demanda s’il était bien là où il devait être. Il n’avait qu’à partir. Finalement, un autre arriva et demanda combien de personnes devaient venir. Elle s’approcha de lui. « Une vingtaine, je dirais, un peu plus peut-être… » Elle haussa un sourcil. « Et non, je ne suis pas voyante, je fais seulement de la sorcellerie vaudoo. » Que ce soit clair, elle n’était pas une bonimenteuse. Elle se contenta par la suite d’afficher un large sourire, comme elle le faisait tout le temps. C’était amusant d’attendre devant le portique. Les autres n’étaient apparemment pas de cet avis, tant pis, pour Maureen tout cela était bien trop coool ! Et puis, elle n’avait pas fait tout ce chemin pour arriver morose.

Insatiables soupirs au bord des lèvres, Billie contemplait les environs, à mesure qu'ils se voyaient parsemer par les arrivées de chacun. Voiture. Taxi. Rires cristallins de quelques jeunes pucelles. Remarques intelligibles. De tout ce charmant attroupement d'être sans âme, Billie aurait volontiers confondu la vertu d'une dizaine d'entre eux. Filles et garçons confondus. Défaite d'un quelque intérêt, quand bien même il eut été légitime, elle se laissait bercer d'une aura charnelle et incisive. Elle scrutait chacun avec beaucoup d'attention, examinant jusqu'à la moindre possibilité de satisfaire son peu de conscience. Il n'y avait aucun horizon à ses pensées, que la pénible idée qu'elle manquait d'un excellent amant laissé à demeure pour attendre, clope à la bouche, que les évènements daignent s'entamer dignement. Même à mesure qu'elle déambulait parmi eux, attrapant au vol quelques mots, elle suintait le silence et le spectatorat. D'autres femmes et d'autres hommes troublèrent momentanément sa vue, jusqu'à ce que l'un d'eux, bien plus vieux que ne semblait l'être la plupart, s'amusa à chercher un individu qui, de toute évidence, n'était pas présent... Billie prit cela pour de l'aliénation. Mais tout, pour elle, n'était qu'aliénation. « C'est amusant. Rick doit être le prénom que la moitié des types m'ont donné pour coucher avec moi. J'aurais grand plaisir à le rencontrer, j'en suis certaine. » Il ne fallait pas chercher à la comprendre. Il fallait à peine appréhender. Beaucoup choses avaient alors une connotation purement sexuelle dans son esprit. Et cela passerait.

PETZI COWELL, 28 ANS.



KEELAN WHALER, 30 ANS.



BABYLON JOPLIN, 21 ANS.



MALONE HANSEN, 24 ANS.

Un sourire aux lèvres, il referma délicatement le dossier. Le bout de ses doigts caressa doucement le papier cartonné. Entre ses mains se trouvait la destinée de vingt-quatre inconnus...

Je commence à regretter amèrement d'être venu ici, déjà que ça m'a couté un oeil pour me payer le train jusqu'au point de rencontre. 300 balles! C'est abusé non? J'suis pas un de ces foutus gosses de riche qui chient un lingot d'or tous les matins. J'ai dû en écouler d'la came pour ça... Et puis cette conne de Karen commence franchement à me manquer (j'ai un cœur, oui). Au loin je vois déjà les gens qui vont partager mon périple au cour des prochains jours. Je vois déjà le truc, des vieux geek qui savent pas parler sans ajouter un 2.0 à la fin de leur phrases, des gens comme ma sœur. J'ai les poils qui se hérissent rien qu'à en avoir l'idée. Je marche et je me dis que j'ai rien à foutre avec eux. Les mecs sont sapés comme dans les pubs là qu'on voit sur CNN et les meufs sont toutes habillés comme des vraies catins. C'est juste énorme. Y'a plus de pudeur dans ce pays. J'suis un paradoxe à moi seul avec mon baggy, mon sweat et ma casquette. Je souffle et presse le pas, le vieux sac Napapiji que j'ai depuis des lustres, en main et arrive enfin dans la foule compacte. Je pousse deux gadjis qui me bloquent le passage et pose mon sac à terre. Je parle pas, j'attends seulement le moment propice pour ouvrir ma gueule de loup.

Présent devant la grande grille du fort MacArthur, ma première pensée fut : « Bordel, qu'est ce que je fou là ? ». Question qui m'avait turlupinée durant tout ce de voyage éreintant. Pas simple de le trouver cet endroit paumé et abandonné. Vraiment, je me demandais quelle mouche m'avait piqué en acceptant cette invitation mystérieuse pour rencontrer des pseudo joueurs d'un jeu vidéo. P'tain de curiosité à la con. Tout ce mystère autour de cet événement m'avait intrigué, et mon côté joueur m'avait titillé, conclusion, je me trouvais là. Je revus complètement mes pensées en apercevant les gens qui m'entouraient. Beaucoup de filles canons. Finalement ce n'était peut être pas tant une connerie que ça. Qui aurait cru que les joueurs de Rabbit Doubt pouvaient être des femmes à la plastique de rêve ? Je me serais attendu à tout un tas de geek, des mecs types intello. Moi étant bien sur l'exception qui confirme la règle. Mais non. Surprise plutôt agréable. Pour l'occasion je m'étais vêtu de manière plutôt décontractée, chemise bleu clair, cravate rayée assortie, jean et converses. Sans oublier bien évidemment ma marque de fabrique, le chapeau. Habituellement j'étais toujours vêtu d'un costard, avec des chaussures hors de prix, mais aujourd'hui je me suis dis que ça ferait peut être un peu trop. Et quand je voyais qu'on pataugeait limite dans la boue, j'avais bien fait.  « T'es sur de vouloir qu'on t'appelle Lys ? Ça fait très efféminé vieux » ne pus je m'empêcher de rétorquer moqueur, au type qui prétendait s'appeler Lysander.  « Si mon sort est de rester coincé avec d'aussi jolies femmes, ça ne me dérange pas. » dis je principalement à Milicent, qui se demander si on allait rester ici. Un sourire charmeur sur le visage, je me présentais.  « Keelan, pour vous servir. » Sur ce je baissai légèrement mon chapeau pour la saluer.