Il n'y avait aucune mesure de la réalité. Aucune mesure. Etait-il seulement possible de confronter vingt-quatre individus confinés dans leur société à un spectacle d'une envergure dont la cruauté paraissait impossible ?... Il ne fallait pas tant en demander à l'Humanité. La plus logique des réactions était donc bien la crainte, et Billie n'était pas non plus dépourvue de cette angoisse. Ce n'était pas pour autant qu'elle voulait fuir. Il y avait peut-être même un plaisir sourd à subir, là, quelque part. Alors cette grande allocution humaniste ne lui fit pas grand effet. Ou plutôt, si. « Dieu n'a rien à voir avec ça. » Cette fille pensait-elle décemment que son dieu avait pu se pencher sur eux et crucifier cette pauvre enfant aux murs pour le plaisir scandalisé de leurs yeux ? Non, pour Billie, il n'y avait nul rapport, et aucune prière ne l'aiderait plus. « Et personne ne devrait perdre son énergie à l'enterrer. » Billie scruta la bâtisse au-dessus d'eux d'un air absent. Quiconque avait ainsi meurtri cette inconnue ne les avait sans doute guère amené jusqu'ici pour la beauté du théâtre et de la mise en scène. Il y allait avoir une suite. Ils allaient être la suite. La vérité, c'était que de ne pas céder à la panique tout de suite retarderait un peu mieux le moment de s'anéantir mentalement. Et ce de façon irréversible. Même Aaron, qui avait semblé n'être rien qu'un type équilibré, paraissait légèrement désarçonné par la situation. Ses tentatives de calmer la jolie blonde semblaient proprement évasives... « Je dis qu'on ferait mieux d'attendre, là, notre tour et de se griller une cigarette. » Ce que, croyez-le bien, elle fit dans la minute.

« Tu as cru qu’on faisait dans le social. Pas question que j’touche à ce corps. J'te le laisse. » Campbell sentit la colère monter en elle. Elle ne supportait pas les gens irrespectueux et égocentriques. « Si c'était toi qui était crucifiée au mur comme cette pauvre fille, je suis sûre que tu apprécierais que l'on te traite avec un peu de respect. Peut être que tu te fiches complètement des autres mais ce n'est pas mon cas. » Les mains sur les hanches, elle soutint le regard de l'inconnue. Une main se posa sur son bras et Campbell entendit quelqu'un déclarer à voix basse : « Hey, ca va aller. Je ... je comprends ce que tu dis et c'est très altruiste de ta part mais tant que notre sécurité n'est pas assurée, il vaudrait mieux que nous nous concentrions tous sur un moyen de sortir d'ici et au plus vite ! On pourra prévenir quelqu'un pour elle ... promis ... » Campbell se dégagea d'un geste et fit volte face. « Vous pensez vraiment que l'on réussira à "assurer notre sécurité" ? Croyez-moi, ce n'est pas en décrochant et en enterrant cette femme que l'on va se mettre en danger. Si quelqu'un voulant notre mort expressément, il aurait largement eu le temps d'agir jusqu'à maintenant. » L'autre personne qui semblait ne pas allait bien rétorqua quelque chose mais la jeune étudiante ne fit pas attention. Elle s'avança vers la défunte mais, toute seule, elle n'arriverait à rien. « Quelqu'un peut m'aider, s'il vous plait ? Allez, ça ne prendra que quelques minutes et puis, je ne vois pas en quoi ça vous gène ! Je respecte le fait que vous ne croyais pas en Dieu mais faites-le au moins pour elle. », déclara t'elle.

Une jeune femme se mit à crier au scandale, qu'il fallait qu'on traite avec plus de respect cette pauvre fille décédée. Elle n'avait pas totalement tord dans le fond, mais comptez pas sur moi pour l'enterrer. Cette fille pourrait très bien avoir le sida ou que sais je, alors je n'allais certainement pas prendre le risque de choper une quelconque infection. Et puis pour le moment on avait largement plus important à s'occuper, savoir comment faire pour se tirer d'ici.  « A quoi bon prier ? On ne peut plus rien faire pour elle de toute façon. » Ce n'était certainement pas ça qui allait aider. Elle était morte, c'était finie pour elle. La vie l'avait quitté. Elle n'était plus. Mais bon si c'était son trip d'appeler le petit jésus, pourquoi pas, pour ma part, je comptais m'occuper au plus pressant. Sortir d'ici au plus vite. Voilà pourquoi je sortis mon téléphone portable, espérant avoir du réseau. Mais malheureusement rien. Suite à mon impulsion d'autres firent de même, malheureusement sans plus de succès. « Mec, on est dans le trou du cul du monde. D'où tu veux qu'y'est du réseau? » Ouais ben sait on jamais.  « Fais chier ! » maugréais je contre ce satané portable. Voilà que Billie déclara qu'on ferait mieux de ne plus bouger, et se griller une clope. Cette fille avait carrément une case en moins.  « Tu m'excuseras, mais moi j'ai une famille, alors je n'ai pas l'intention d'attendre bien sagement qu'un type vienne m'étriper. » Je pensais alors à ma fille que j'avais laissé seule chez ma pt'ain de mère. Non non, hors de question que je crève ici. Voilà que l'autre voulait toujours décrocher la fille, non mais vraiment ?  « Et tu comptes creuser un trou avec quoi au juste, tes mains ? » Non parce qu'on y serait encore demain. Fallait qu'elle redescende un peu sur terre la petite.

Blanche-Neige venait de proposer qu’on la décroche, qu’on l’enterre et qu’on fasse une prière. « Fais donc ça, je me charge de chanter du gospel. » Les remarques inutiles de Maureen l’occupait à ne pas regarder le mannequin éventré. C’était du beau travail, certes, mais pas au point de regarder toutes les imperfections ou d’aller la renifler, ils étaient tombé sur la tête ou quoi ? Maureen préféra faire marche arrière et retourner à ‘sa’ place, c'est-à-dire à côté du drogué qui portait si bien son surnom. Elle ne l’appellerait pas comme ça en tout cas. Il était en train de fumer et l’odeur n’annonçait pas une simple clope roulée. « Bon Hodj’… Tu me fais la courte échelle pour que je me tire de là ? Ces geeks me donnent la nausée franchement et ça ne me donne plus trop envie de jouer. » Ca aurait pu être drôle ce jeu, si ces gamins ne commençaient pas à chouiner parce qu’ils voyaient du faux sang ou une fausse morte. C’avait été une mauvaise idée de venir ici pour rencontrer des autres joueurs de Rabbit Doubt. Des gamins idiots. Dommage. « Elle est sérieuse l'autre-là ? Elle compte nous vendre des bibles à la sortie ou quoi ? » Maureen était croyante, mais y avait des limites !

Un mouvement de foule, un cri, Nenad tendit le cou dans la direction de l'un des participants, visiblement paniqué. Piège? Il arqua un sourcil. Il ne comprenait pas réellement ce qu'il lui prenait, cherchait-il à se faire remarquer ou était-il pris d'une crise de folie? Le New Yorkais jaugea d'un air curieux l'homme non de loin de lui, avant que son regard ne se pose sur un corps en charpie, ce qui ne manqua pas de le faire frissonner violemment. Il lâcha aussitôt la jeune femme qu'il tenait quelques secondes plus tôt entre ses mains, comme figé sur place, ne pensant pas une seule seconde à courir ou même s'éloigner du cadavre. « Qu'est-ce que c'est que ce bordel? » Il en oublia presque le monde autour de lui, tant il était assommé par cette découverte, qui lui paraissait tout aussi irréelle que l'endroit ou même l'invitation à laquelle il avait eut le malheur de répondre. Quelle sombre connerie il venait de faire. Quelle sombre connerie. Le souffle court, il s'approcha des grilles d'un pas rapide pour constater par lui-même qu'elles étaient bel et bien fermées. Ty s'excitait sur celles-ci, il comprenait la détresse du jeune homme et se fit violence pour ne pas céder lui aussi. Il devait trouver un moyen de s'échapper. Il chercha dans le grillage une faille, un trou, quelque chose qui aurait pu lui permettre de prendre la fuite, comme dans les films. Seulement, plus il scrutait l'endroit avec attention et plus il se rendait compte que tout avait étudié avec soin pour les maintenir enfermés. Certains tentaient de trouver une solution, d'autres hurlaient et se disputaient autour du cas de la jeune femme suspendue au mur de brique. Nenad tâchait de ne pas céder à la panique, mais son corps s'était tendu et son cœur ne cessait de battre face à la terreur que lui inspirait l'expérience qu'il s'apprêtait à vivre. Il ne voulait pas mourir comme cette pauvre fille avant lui. Avant eux tous. Il ferma les yeux un instant, entendit une jeune femme hurler au respect, et avant qu'il n'ait pu faire quoique ce soit pour l'aider, sentit un poids s'affaisser dans ses bras. « Putain c'est quoi ce... » Il baissa les iris sur la jeune fille aux cheveux roses serrée contre lui. Instinctivement il la serra un peu plus contre son torse en la sentant perdre pieds, et dû plier les genoux pour finalement la porter entre ses bras puissants, sonné. « C'est pas le moment de se sauter à la gorge. Je crois qu'on a un autre problème sur le dos, j'aurais besoin de quelqu'un pour m'aider à s'occuper d'elle... Quant à la fille, je t'aiderai à l'enterrer, mais tâchons d'abord de garder celle-ci en vie.» Il n'attendit pas une quelconque réponse et engagea le pas vers un endroit à l'ombre, ne préférant pas s'éloigner dans les ruines. Dieu sait ce qu'il pouvait se cacher à l'intérieur, il était préférable qu'ils restent tous ensemble pour le moment.

Ezra se tenait là, debout, face à cette jeune fille éventrée. Il cligna des yeux une fois, puis deux. Ce n'était pas un rêve, ni même un cauchemar. Tout ceci était parfaitement réel. Les autres joueurs qui l'entourait ne semblait pas plus choqués que ça. En tout cas pour le plus part ou, ils le cachaient très bien. Ezra lui n'arrivait pas à cacher cette peur qui s'engouffrait en lui. Il suait à grosses goutes. Une des jeunes femmes femmes souhaitait décroché la morte du mur pour pouvoir l'enterrer et dire quelques prières. Même s'il ne partageait pas forcément la deuxième partie, il sentait que la première était une chose à faire. Et il s'avança vers le corps, passant devant tout les autres pour le décrocher. Ce dernier tomba sur le seul dans un bruit morbide. Il ne dit rien, regarda le corps, puis la jeune femme qui voulait l'enterrer. Dans un regard qui disait "maintenant on fait quoi", il attendait un quelconque signe de sa part.

LJ n’avait fait que papillonner dans le groupe depuis qu’ils étaient arrivés. Elle parlait à droite à gauche, la plupart du temps dans le vide, telle une incomprise. Suivre tout le monde, c’était ce qu’elle faisait. Elle était une sorte de mouton. Un mouton lapin puisque c’était ce qu’elle était sensée représenter dans le jeu. Elle venait d’inventer sa propre race d’animal, un moulin. Ah non, puisque ça existe déjà disons un laton. Lorsque tout le monde se mit à courir, elle fit de même. Les esprits s’échauffèrent, elle commença à paniquer, sans même savoir pourquoi. Elle ne comprenait pas vraiment ce qu’il se passait, resta en retrait avec le type bizarre, certainement muet. Quand tout le monde s’arrêta, elle leva enfin les yeux du sol et contempla un long moment la croix au mur. C’était drôlement bien fait, on aurait dit une vraie. « C’est sympa ici la déco. » Elle n’écouta absolument pas ce qu’on pouvait dire autour, bouscula un garçon brun pour s’approcher et resta planter devant quelques secondes avant de réaliser. Un filet de sang encore frais coula le long de son poignet. LJ ouvrit la bouche, pétrifiée, comprit son erreur et se contenta de crier. Juste après, elle marcha un peu plus loin, se baissa et vomit son déjeuner. C’était la première fois qu’elle voyait quelqu’un qui était mort. Elle n’avait même jamais été à un enterrement. Elle pouvait regarder massacre à la tronçonneuse presque en entier mais là, là c’était différent, c’était réel. Une fois debout et après s’être essuyé la bouche, elle ferma les yeux, se les cacha avec ses mains, double protection, se retourna, écarta les doigts comme une gamine pour repérer un homme et lui sauta dessus. A proprement parlé, à vrai dire, comme elle avait remit ses mains devant ses yeux elle lui était plus violemment rentré dedans qu’autre chose. Quand elle fut certaine de pouvoir ouvrir les yeux sans une violente envie de vomir, elle s’exécuta et releva la tête et observa le brun aux yeux bleus (Aaron) « Je ne veux pas finir comme le petit Jesus. » Elle lui fit ses yeux de chien battu, comme si ça pouvait arranger la situation.

Campbell allait répondre à toutes les personnes qui dénigraient son action mais elle n'en eu pas le temps. Un jeune homme qui lui était inconnu s'était approché du corps de la défunte et avait entrepris de la détacher. Celle-ci tomba à terre dans un horrible bruit et Campbell ne put réprimer un petit hurlement. Le jeune homme regarda Campbell droit dans les yeux, attendant visiblement un quelconque geste de sa part. Celle-ci était un peu choquée et, même si elle aurait préféré que le cadavre soit détaché avec un peu plus de tact, elle savait qu'elle ne pouvait compter sur personne d'autre pour l'aider. Ainsi, elle déclara : « Je te remercie. Tu veux bien m'aider à la déplacer un peu ? On ne peut peut-être pas l'enterrer mais on peut toujours la mettre dans une position correcte et la couvrir de nos vestes, non ? . En attendant la réponse du jeune homme, Campbell, les mains sur les hanches, regardait d'un air quelque peu hautain les autres personnes qui, quelques instants plus tôt, l'avaient dénigré.

Ils étaient trop nombreux, c'était la panique, le bordel, le vrai ! Ils avaient beau tenté de s'exprimer, il y en avait toujours un autre pour contredire. Aaron avait été infructueux face à la jeune femme blonde qui criait au ciel. C'était normal. Une communication sensée ne pouvait germer dans un tel climat. Il lâcha son emprise. Se Tû. Il écouta. Ca partait dans tous les sens, il savait que rien ne serait possible tant que le choc n'était pas retombé. Sur ce point seulement, Billie avait peut-être raison. Pas pour le reste ... Il ne comptait pas non plus rester là à se faire étriper si tel était le but de cette mascarade. Il n'avait pas non plus particulièrement envie d'attendre pour le découvrir. Aaron fit alors plusieurs pas à reculons avant de finalement s'éloigner quelques peu de la façade et l'agitation. Penser, se calmer, réfléchir, se calmer, souffler, se calmer. Se calmer surtout ! Seulement ensuite, pourrait-il être effectif. Lui comme les autres. Il se passa une main sur le visage. Le corps venait d'être décrocher. Peut-être pas la meilleure idée. Aaron ne pu s'empêcher de dire : Et voilà bye bye la scène de crime et bonjour la compromission d'indices ... Un peu à l'écart, il douta que beaucoup puissent l'entendre. Et puis de toute façon c'était trop tard. aaron n'aurait pas été contre le geste en lui même mais pas si tôt. Ils venaient tous d'arriver et déjà foutaient leur gros sabots partout. Ce n'était pas bon pas bon du tout, ils étaient trop impliqués. C'est alors qu'une jeune femme vint le percuter, les mains sur les yeux, clairement affectée. Après avoir vomit sous le choc, elle le regardait presque suppliante, dos à la scène macabre. On aurait presque dit une enfant. Aaron ne su pas vraiment quoi dire avant de simplement jouer la carte de l'honnêteté : Moi non plus. On va tout faire pour que ça n'arrive pas d'accord ... Comment c'était une autre question ... !

Je soupire, j'en ai marre de poireauter, d'avoir ce foutu corps décharné devant les yeux, de voir toutes ces têtes de cons en train de se lamenter sur leur sort. Tandis que des mecs s'affairent autour du cadavre, je reste en retrait et me contente de les regarder du coin de l’œil. On va crever, alors à quoi bon aider les masses, je suis pas altruiste et je préfère franchement m'occuper de ma foutue gueule pour les derniers minutes/heures/journées qu'il me reste à vivre. Je suis pas di Corleone, je fais pas dans le social comme l'a dit l'autre midinette tout à l'heure. Je fouille dans la poche de mon sweat pour extirper un nouveau bédo, sauf que la dite poche est vide. Je soupire. J'ai pas de cigarettes et dans les moments comme ça (des moments où t'as un vieux cadavre devant toi) j'ai pas envie de m'en rouler, j'ai la flemme. Je jette un dernier coup d’œil sur mon téléphone, le visage bienheureux de la bande s'allume devant moi, j'ai limite un pincement au cœur. Non pas qu'ils me manquent, mais je préfèrerai nettement être avec eux qu'ici. Puis je comprends rien, ça me prend la tête. Un type s'approche de moi, clope au bec et me demande si j'ai du feu. J’acquiesce et tout en lui allumant sa cigarette et dit. « J'vais faire le gros gratteur mais, t'aurais pas une clope? » Il me sourit et me file une cigarette. Je le remercie et lui tourne les talons.

La gadji s'approche de moi, je souris (comment je fais pour sourire dans ce genre de situation? la mort ne m’atteint pas c'est tout) « Bon Hodj’… Tu me fais la courte échelle pour que je me tire de là ? Ces geeks me donnent la nausée franchement et ça ne me donne plus trop envie de jouer. » Je grimace. J'approuve totalement ce qu'elle dit. Des vieux gars décrochent la fille de son édifice. « Meuf, j'vais péter un câble si ces bouffons continuent de se la jouer "sauveurs de la situation". On se croirait dans un film, c'est ouf. » J'enlève ma casquette et commence à me gratter la tête comme si j'essayais de trouver une solution.

La situation devait dégénérer. L'incompréhension. La peur. L'instinct, également. Il s'agissait peut-être du but de ce macabre jeu. Pour autant que c'en fût bien un. L'ensemble de ces faits rappelait vaguement un mauvais film d'horreur. Bientôt, ils allaient se séparer. Une à une, les têtes allaient tomber. C'en était presque banal, quelque part. Si Billie, elle, ne paraissait pas autrement touchée par l'idée de mourir, ce n'était que parce qu'elle objectait cette fin jour après jour, nuit après nuit. Elle ne pensait bien qu'à ça, la mort sous toutes les formes qu'elle recelait. Et celle-ci commençait ici. Tuer sans même effleurer la carotide d'une lame. Oui, Billie concevait la jouissance de l'idée. Aussi le fait que, elle aussi, elle ait eu une famille n'avait pas la moindre importance... Elle n'avait guère d'enfant, mais elle avait un mari, des frères et des soeurs, et même des parents toujours de ce monde. Mais tout ça n'avait absolument rien à voir avec le moment présent. Il était question d'abattoir, oui, et de rien d'autre. Ils pouvaient descendre le corps - ce qu'ils firent, et ils pouvaient même lui offrir les derniers sacrements si le coeur leur en disait, mais cela ne changerait rien. Ni pour elle, ni pour eux. La jeune chrétienne aurait sa bonne conscience, mais cette inconnue si meurtrie ne serait pas mieux accueillie par Charon. Et ils ne s'en sortiraient pas plus indemnes. Par officialisation de sa complète indifférence, Billie s'assit à même le sol, consumant les dernières bouffés de sa cigarette. Mécaniquement, elle allumait son briquet pour constater l'existence de la flamme. Elle répéta inlassablement ce geste jusqu'à ce que son énergie faiblisse. Le gaz manqua peu à peu. « Maintenant, c'est vraiment la fin. » Personne ne l'entendait. Pas plus qu'on ne se souciait d'elle. C'était encore la meilleure façon de déraisonner paisiblement. Le plus recluse possible dans son intellect malade.

« Je te remercie. Tu veux bien m'aider à la déplacer un peu ? On ne peut peut-être pas l'enterrer mais on peut toujours la mettre dans une position correcte et la couvrir de nos vestes, non ? . Dit la jeune fille. Ezra continua de la fixé dans les yeux un instant. Tout son corps tremblait. Il ne répondit rien. Se baissa et prit le corps inerte de la jeune fille par les bras. Il en eu un haut le coeur mais c'était trop tard, il était déjà lancé. Il le déplaça de quelques mètres puis lacha les bras. Il souffla un coup puis s'essuya avec le poignet un gout de sueur qui coulait sur le bout de son nez. Ce qui laissa un marque du sang sur sa joue et le bout de son nez. Les autres le regardait fixement. On a fait mieux comme entrée en matière il faut dire. Il s'essuya rapidement avec la manche de sa veste puis l'enleva pour la poser sur le corps froid étendu au sol.

Campbell avait fait un pas vers la défunte, dans le but de la déplacer mais elle fut arrêtée dans son geste par une jeune femme. « On devrait peut-être inspecter le ... corps. Pour trouver des indices ... » Campbell haussa les épaules. Elle doutait que cela serait très utile. Et puis, à quoi cela leur servirait-ils ? Ils étaient piégés et cela n'allait pas changer de si tôt. « Je peux m'en charger. Je suis étudiante en médecine légale. Les autopsies, ce genre de choses, ça me connait. Par contre, mieux vaut ne pas faire cela ici, non ? », répondit Campbell. Sans instrument de travail, cela allait être difficile. Malgré ses connaissances, la jeune femme ne savait si elle réussirait à trouver un quelconque indice. Mais cela valait probablement le coût d'essayer. Toute à ses pensées, Campbell n'avait pas remarqué que le jeune homme avait déjà déplacé le corps. « Alors, on examine quand même le corps ? Si oui, il me faudrait un peu d'aide. », déclara Campbell d'une voix calme.

Comme tout le monde, LJ regardait la télévision et avait presque déjà vécu cette scène, le groupe de personne dans un lieu paumé, ils découvrent le mort, se rendent compte qu’’ils vont tous mourir. Elle sait aussi que c’est toujours la pom pom girl blonde qui meurt en premier. Et elle était blonde. Elle s’accrocha un peu plus à l’homme grand et fort sur lequel elle s’était jetée en priant pour qu’il puisse la défendre en cas d’attaque. Le fait qu’il désire sauver sa propre vie en premier était inconcevable pour elle, elle était une fille et de ce fait plus vulnérable, il se devait de la protéger. Au moins elle savait déjà qu’il ne voulait pas mourir, du moins c’est ce qu’elle avait cru comprendre. « Je suis enceinte. » Son père lui disait toujours, LJ, si tu dis aux gens que tu es enceinte, ça va finir par arriver, et en plus, tu pourras t’assoir dans le bus. Elle avait prit l’habitude de dire ça du coup, un peu à tord et à travers. Elle ne l’était pas, du moins pas à sa connaissance mais le stress l’emportant sur la raison, c’était tout ce qu’elle avait trouvé à dire. Ca et « J’ai volé un brillant à lèvre une fois, il y a dix ans. Mais je promets c’était la seule fois, je ne recommencerai plus jamais, plus jamais. Oh mon dieu, tu crois que c’est Lost ? C’est notre île en fait ? » Elle presque mais la présence rassurante de l’homme lui permettait de tenir debout.

Un gros balourd fit tomber le cadavre par terre. Bon sang, ils étaient vraiment con ou quoi ? Maintenant ils comptaient la déplacer. « Vous avez conscience que vous êtes en train de piétiner une scène de crime ? Sans compter que cette fille pourrait très bien avoir le SIDA ou un autre truc du style ? Ma parole, vous avez le QI d'une moule. » Je n'étais pas flic, mais il ne fallait pas être super intelligent pour se douter que ce n'était absolument pas ce qu'il fallait faire lorsqu'on trouvait un cadavre. Et puis je disais ça aussi pour eux, bien qu'après tout, c'était leur problème s'ils voulaient courir le risque de choper quelconque infection. Je regardai du coin de l'œil Billie, cette fille était définitivement bizarre.  « Si on se trouvait dans un film, je dirais que le tueur se trouve parmis nous... » Je me rendis compte que ce n'était peut être pas la meilleure chose à dire pour rassurer la populasse, mais j'exprimais seulement le fond de ma pensée. L'éventualité que le tueur était l'un de nous m'avait traversé l'esprit. N'était ce pas toujours comme ça dans les films ? Le coupable se faisait passer pour une des victimes ? En tout cas pour ma part je comptais garder un oeil sur tout le monde, on était jamais trop prudent. A commencer par Billie

La jeune femme lui faisant face s'agrippa à lui comme un chien ne lâche pas son os. Il pouvait sentir ses doigts se resserrer avec force sur ses avant avant bras. Bordel, elle avait de la force pour une si petite chose. Et ce n'était pourtant pas comme si Aaron avait l'allure d'une biscotte. Elle avait clairement besoin d'être rassurée mais semblait elle aussi un peu l'ouest ... La situation s'y prêtait bien évidemment mais Aaron considéra un peu plus sérieusement cette idée d'asile ... Enfin bref. Il regarda à gauche et à droite. Il y avait Billie assise à même le sol et fascinée par sa flamme. Il y avait la nonne légiste, une fille rose dans les pommes, un muet. Putain quel joyeux tableau ! Lorsque sa petite protégée lui lâcha être enceinte, aaron ne pu retenir un : Et ben on est pas dans la merde ! Enfin ... Je ... Oublie ce que je viens de dire. Fallait pas qu'il la fasse d'autant plus flipper. Une femme enceinte c'est imprévisible, ça peut même foutre les jetons ! Et là, question dose "freak out" il y avait assez sur la table ! Il passa alors un bras autour de la jeune femme. Parait que le contact physique, les accolade par exemple, avait le don de calmer les nerfs. C'était scientifiquement prouvé. Je doute que tu ais pu avoir ta place dans Lost. JJ n'a rien contre les voleuses de lipgloss, je parle en connaissance de cause. Il feint un maigre sourire clairement forcé vu la situation. Si Aaron s'écoutait, il aurait hurlé ! Hurlé tellement fort, pour qu'ils la ferment tous ! Pour qu'ils arrêtent de toucher à tout, de jouer. Cela devenait insupportable. Il grinça des dents. Même ce mec là : Keelan qui avait plus ou moins un bon sens rassurant, finit par foutre plus de bordel qu'autre chose avec sa stupide déclaration finale. Comme si ça faisait avancer quoi que se soit là maintenant tout de suite, alors que de toute façon, tout le monde était déjà sur le qui-vive !! Aaron éleva cependant la voix à l'encontre du mec qui tenait la fille dans les vappes, dont personne ne semblait se soucier : Hey ! Ca va ? Elle respire ? Pas besoin d'un second cadavre

« Et ben on est pas dans la merde ! Enfin ... Je ... Oublie ce que je viens de dire. » LJ fit la moue mais laissa passer, après tout c’était ce qu’il avait demandé. « Je doute que tu ais pu avoir ta place dans Lost. JJ n'a rien contre les voleuses de lipgloss, je parle en connaissance de cause. » Cette réplique eut le don de lui faire lever la tête vers lui. « Pourquoi, tu en as déjà volé et il t’aime toujours ? » Aussi étonnant que cela puisse paraitre, LJ était des plus sincères avec sa question, c’était presque insensé vu la situation mais quelque part rassurant. Comme le fait qu’il la rapproche un peu plus de lui. « Si on se trouvait dans un film, je dirais que le tueur se trouve parmis nous... » La voix d’homme lui parvint et elle se figura que dans la configuration qu’elle avait jadis établie, elle n’avait pas imaginé que le tueur puisse être ici. Parmi eux, à les regarder, à les observer, à rire de leur réaction peut-être. Un frisson lui parcourut l’échine tandis qu’elle se blottit avec un peu plus de vigueur dans les bras du brun. Elle décida tout de même de clarifier la situation. « Je suis blonde, mais je ne suis pas pom pom girl. » Elle avait parlé assez fort pour que tout le monde entende. Malheureusement, elle s’était retournée pour dire cela et son regard tomba sur celui de la malheureuse désormais étendue au sol. C’était donc ça le bruit sourd. Cela semblait encore plus horrible en la voyant étendue sur le sol finalement. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi ils l’avaient descendu. Apparemment, c’était l’homme qui n’avait pas été très bavard depuis le début. Si ça se trouve, il la trouvait jolie, voulait simplement la voir de plus près. C’était dégoutant et elle ne comprenait vraiment pas pourquoi ils avaient fait ça. « Pourquoi vous ne la laissez pas tranquille, vous ne croyez pas qu’elle a assez souffert comme ça ? »

Mince… Alors que Maureen pensait dur comme fer que ce n’était que du chiqué, il arrivait un moment où le doute arrivait. Et si c’était vrai. Après tout, Blanche-Neige disait qu’elle travaillait avec les morts, elle devait s’y connaitre. Bon, il y avait une morte. C’était trop surréaliste pour la jeune femme de Louisiane. C’est vrai que ça semblait vrai quand même. Peut-être qu’elle était morte depuis longtemps, après tout ce fort semblait abandonné. Un dingue avait tué une fille et était partie. C’était sans doute ça, quoi d’autre ? Bon, elle était morte. Morte, morte, morte. Okay. D’accord. Et maintenant ? Hodj’ répliqua qu’il se croyait être dans un film, il avait tout à fait raison et elle ne pu qu’acquiescer. Une autre fille parla des « Experts » cette fois-ci, Maureen esquissa un sourire amusé. Oui, même si une morte se trouvait par terre, Maureen gardait son sens de l’humour, désolée. Et puis elle était morte, pas eux, voilà. Ils ne feraient pas de parties de Rabbit Doubt et ils auraient une bonne anecdote à raconter. Voilà tout, désolée pour la fille crucifiée par un malade. Blanche-Neige voulait l’autopsier ailleurs. Elle était vraiment barge. « Faudrait peut-être lui dire qu’on s’en fout de son autopsie, on voit bien qu’elle a été éventrée et crucifiée. Elle compte gouter son sang pour savoir ce qui l’a empoisonné ou quoi ? » Elle se tourna ensuite sur la fille qui avait parlé des « Experts » et qui se demandait à présent avec quoi ils allaient creuser. « Ils vont pas l’enterrer quand même ? Je veux pas être complice de ces idioties ! Je suis peut-être pas médecin légiste ou je sais pas quoi, mais ce serait complètement stupide d’ouvrir la morte puis de l’enterrer. » Fronçant les sourcils, elle s’adressa à Blanche-Neige qui voulait maintenant autopsier la fille. « Tu touches cette fille, je t’enterre avec elle, compris ? T’es complètement folle ou quoi ? C’est pas parce que tu fais des études de médecine que tu vas déchiqueter son corps. »

« Je suis blonde, mais je ne suis pas pom pom girl. » La blonde blottie dans les bras du trentenaire venait de balancer cette phrase haut et fort, pour qu'on entende. Non mais elle avait fumer ou bien ? Sérieusement j'étais entourer d'une bande de dégénérés.  « Tans mieux pour toi, peut être que tu seras épargnée. » ne pus je m'empêcher de rétorquer à ses conneries. Voilà que l'autre folle était sur le point de faire une autopsie au cadavre ou que sais je. Mon dieu. Les côtoyer était limite plus effrayant que la situation en elle même. Et l'autre mec qui était toujours en galère avec sa blonde évanouie dans ses bras. Puisque personne ne semblait prêt à lui porter de l'aide, je me dévouais. Après tout, au moins elle était elle encore en vie, et on pouvait encore faire quelque chose pour elle, contrairement au corps sans vie dont quelques tarés s'agitait autours. Nenad l'avait déposé sur le sol, mais elle restait toujours inconsciente.  « Hey ho, tu nous entends ? » Aucune réponse. N'ayant pas la patience d'attendre que mademoiselle se réveille par elle même, je décidai d'opter pour une option radicale. La giffle. Peut être que ça lui ferait plus d'effet. Je lui aurais bien jeté de l'eau sur la figure mais je n'en avais pas à portée.

Aaron avait tenté de "détendre" quelque peu le moment, bien que le mot ne corresponde pas tout à fait à ce qu'il en était. Sa petite réflexion n'avait pas pour but d'enchaîner une véritable conversation et se sont deux yeux ronds comme des soucoupes qu'il posa sur la blondinette dans ses bras, lorsqu'elle leva son regard de chien battu sur lui l'air clairement concerné. Heu elle était sérieuse là ? Elle en avait l'air. Wow. Il chercha ses mots tant tout ça semblait surréaliste. Il n'allait pas commencer à lui raconter sa vie, là maintenant au milieu des autres fous, enfermés et à côté d'un cadavre mutilé. Il se contenta de répondre : Oui un truc comme ça .... Toujours plus enfouie contre lui, Aaron se demanda presque si elle ne finirait pas par disparaître sous son aisselle à force. Elle devait être franchement apeurée et plus les secondes passaient, plus notre grand brun pensait franchement avoir affaire à une petite fille. Lorsqu'elle reprit la parole, Aaron su qu'en d'autres termes il aurait sûrement trouvé ça assez marrant. Seulement ce soir, rire n'était pas dans ses cordes. T'es pas un peu enfermée dans un monde télévisuel toi ? La question était sérieuse. Il ne se voulait pas juge de sa personnalité mais au moins ça expliquerait quelques trucs. Alors qu'il demanda des nouvelles de la fille dans les pommes, Keelan prit à son tour les devant de manière plus radicale. A nouveau la petite blonde accrochée à son torse ouvrit la bouche : Je pense que ça ne sert à rien. Si tout le monde passait un peu plus de temps à se la fermer et à réfléchir ensemble plutôt que de se mettre sur la gueule et défendre ses propres petit intérêts, peut-être qu'on avancerait un peu au lieu de faire du stupide sur place ... Et cette fois, Aaron avait parlé plus fort, que sa pensée puisse traversé les plus malins. Tant pis pour les autres. A vrai dire Aaron enrageait. Après avoir passé des années à écrire ce genre de scénario en faisant passer ses personnages pour plus fébriles qu'il ne le pensait possible. Il était fort triste de constater que la réalité imitait drôlement bien l'art. Putain !